Né en 1939 à Florence, Maurizio Nannuci est un artiste isolé sur la scène italienne. Ses divers modes d’interventions (travaux sonores, livres, activités collectives) s’inscrivent dans l’idée que l’art est avant tout un engagement et un combat ; que la violence esthétique est nécessaire pour toucher un public élargi. Ses expérimentations interrogeaient également la légitimité de l’art et les moyens de sa diffusion. Affiches, tracts, néons, disques étaient autant de tentatives pour communiquer à travers le langage ou la mise en séquences d’images. Plus littéraire que les artistes conceptuels, Maurizio Nannuci s’est donc très tôt intéressé aux multiples, aux livres d’artistes et aux éditions limitées. Provisoire et définitif (1975) recense un certain nombre de mots records (le mot le plus long, celui le plus utilisé dans une langue...). C’est à partir de ce livre qu’il réalise dans les années suivantes ses affiches, ses brochures, ses calendriers, ses dépliants et ses enveloppes tirés à dix, vingt ou mille exemplaires. La forme, toujours soignée, témoigne d’un goût pour l’extension du signe, la volonté d’engager « un dialogue avec les gens et les choses ». Les séries d’objets de cette exposition sont malheureusement présentées avec une trop grande sagesse. Pour un certain nombre d’entre eux, fort rare aujourd’hui, le spectateur ne peut les feuilleter, les manipuler et en prendre connaissance. Il est vrai que toute pratique devient un jour historique, et que tout tract trouve nécessairement son prix.
GENÈVE, Cabinet des estampes, jusqu’au 23 mai.
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Les records de Nannuci
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : Les records de Nannuci