Les primitifs italiens à la loupe

Si le phénomène date essentiellement du XIXe siècle, on découvre que des copies d’atelier ou des répliques multiples existaient déjà au Moyen Âge. Celles-ci ne peuvent être confondues avec des faux modernes. Avec une cinquantaine d’œuvres, l’exposition d’Ajaccio livre les clefs qui permettent aux visiteurs de trier le bon grain de l’ivraie.

L’exposition s’ouvre sur le cas florentin avec les noms prestigieux de Botticelli, Ghirlandaio et Lorenzo di Credi. Leurs œuvres sont produites en plusieurs exemplaires au sein des ateliers qu’ils dirigent. La pratique était encouragée par l’attitude dévotionnelle elle-même. La confrontation de La Vierge à l’Enfant de Botticelli (Strasbourg) avec sa réplique d’atelier conservée au Musée d’Angers permet de distinguer clairement le prototype de la copie contemporaine.
Au XIXe siècle, l’engouement croissant pour les primitifs autorise toutes les fantaisies jusqu’aux détournements les plus subversifs. La demande est si forte qu’on démembre les polyptyque pour vendre les panneaux séparément. D’autres sont maquillés pour les travestir en sujets plus commerciaux. Il y a le cas du primitif qui finit sa course en portemanteau. Mais, surtout, gare aux faux ! D’habiles restaurateurs italiens agissent en faussaires depuis la fin du XIXe siècle. Les plus grands experts s’y sont trompés. La preuve en images au Musée Fesch.