Les premiers pas lisboètes de l’ "arte bruta"

Ce parcours présente pour la première fois au Portugal des œuvres provenant de la collection d’art brut Treger-Saint Silvestre, réalisées par plus de soixante-dix artistes provenant d’une quinzaine de pays. Cette manifestation préfigure la création d’une fondation et l’ouverture d’un espace permanent où cette collection sera présentée à Lisbonne dans sa totalité.

Art brut, art outsider, art hors norme, aucun terme ne convient parfaitement tant ce qu’il désigne est par essence incernable : la liberté. Une totale et illimitée liberté de créer, de faire apparaître des formes sans que rien ne soit par avance codifié, normé, possible ou attendu. Sans doute l’incontestable renouveau de l’attention portée à l’art brut ces dernières année, caractérisé par exemple par l’ouverture du Musée d’art brut de Villeneuve-d’Ascq, tient-il à la prise de conscience que c’est peut-être de ce côté que se situent beaucoup des énergies qui permettront aux pratiques culturelles de ne pas se scléroser dans des postures normatives qui aboutissent si souvent à des académismes.

Henry Darger, Adolf Wölfli, Augustin Lesage, mais aussi, moins connus dans l’Hexagone, le Brésilien Evaristo Rodrigues, le sculpteur lituanien Vitalis ou le Turc Ody Saban apportent la preuve, et l’émerveillement, que les limites de l’imaginaire et de la créativité humaine sont d’abord sociales et culturelles. Y échapper est une aventure certainement jamais facile, toujours intéressante, parfois admirable.