En 1848 à Londres, un jeune homme doué, John Everett Millais (1829-1896), fonde avec quelques amis la confrérie des peintres préraphaélites désireux de réagir contre la médiocrité de l’art anglais en retrouvant la simplicité et la fraîcheur de la peinture antérieure à Raphaël. Ils choisissent au début des sujets édifiants, peints avec un réalisme minutieux, cadre trop étroit abandonné après quelques années.
Le meilleur de l’œuvre de Millais est constitué par des portraits, surtout lorsqu’il parvient à situer son sujet dans un cadre naturel symbolisant l’état d’esprit du modèle. C’est le cas pour le Portrait de John Ruskin devant un furieux torrent écossais, qui évoque à la fois la fougue de ce critique et l’importance de son œuvre-fleuve. Dans La Chute d’eau, ce même torrent sert de toile de fond à une Effie Ruskin pensive, anticipant peut-être le drame de son divorce d’avec John Ruskin avant son mariage avec Millais. On peut regretter de ne pas voir dans l’exposition – éliminée faute d’être un vrai portrait – Ophélie, admirable vision onirique de l’héroïne shakespearienne emportée par le courant. Les portraits d’enfants, très contraints, n’apportent rien de plus à la renommée du peintre, ni les nombreux portraits d’hommes célèbres, artistes, écrivains et premiers ministres de l’ère victorienne. Mais on redécouvre avec plaisir une toile tirée de l’oubli grâce à l’exposition, Les Jumelles (1876), qui traduit avec une extrême finesse la ressemblance physique et les différences d’attitudes psychologiques de deux jeunes amazones.
LONDRES, National Portrait Gallery, jusqu’au 6 juin, cat. 160 ill. dont 130 en coul., £35.
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Les portraits psychologiques de John Everett Millais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Les portraits psychologiques de John Everett Millais