« Je n’ai pas voulu faire des tableaux au sens pompeux du mot mais seulement des images coloriées où chacun peut accrocher ses rêves. » Roger Bissière (1886-1964) n’eut pas d’autre « programme » que cette intention, très humble et très simple en apparence. Mais peut-on même parler d’intention ? Car l’artiste déclarait encore : « Comme le pommier nous donnons des pommes mais nous ne saurons jamais ni pourquoi ni comment. »
Il conçoit sa pratique comme une confession entièrement sincère : « Ma peinture est l’image de ma vie. Le miroir de l’homme que je suis. » Rien de biographique, pourtant, dans cette peinture. Il s’agit plutôt d’un état effusif qui trouve en elle son exutoire. Et d’un engagement si profond de l’artiste dans son travail qu’il pense pouvoir s’y identifier. Comme Dubuffet, Bissière rejette l’art « cultivé » des musées et des galeries, tourne le dos à la culture urbaine pour s’immerger dans les enchantements de la nature. C’est après un long cheminement, où il expérimente les formules plus ou moins heureuses d’un post-cubisme attardé, à partir de la Libération et surtout dans la dernière décennie de sa vie, que sa peinture prend son ampleur définitive, ce souffle et cette fraîcheur reconquise qui nous émerveillent aujourd’hui. Le tableau obéit dès lors à une structure invariable mais déclinée en mille variations : une grille verticale, irrégulière et « mouvante », transverbérée par le scintillement des couleurs comme autant de rêves accrochés.
ANTIBES, Musée Picasso, 5 novembre-9 janvier.
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Les pommes de Bissière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Les pommes de Bissière