Les plus grands champions (ou presque) de l’illustration

Sa sélection, remarquable, rappelle combien l’art figuratif – et une certaine école de graphisme – reste d’actualité, mais combien aussi elle mériterait d’être mise à jour et ouverte à l’Europe. Certes, le classement est difficile quand les talents recensés officient pour des marchés aussi éloignés que la jeunesse, le parascolaire, la presse adulte et les couvertures de romans. Cependant, le lecteur ne peut qu’être étonné de l’absence de figures incontournables comme Bob Staake, Carter Goodrich, Peter de Seve, Carlos Nine, Chris Ware, Marc Boutavant, Voutch, sans oublier Sempé qui produit encore. Il sera par ailleurs amusé de savoir que Gary Baseman, qui (par snobisme ?) se réclame davantage de l’art contemporain, apparaît dans cette sélection. Comme il regrettera que les valeurs montantes de la discipline n’y soient pas déjà repérées, comme Annette Marnat et Vincent Mahé. Cet ouvrage très tourné vers le marché américain rappelle enfin, malgré lui, que l’illustration, soutenue par le magazine The New Yorker, demeure majoritairement circonscrite aux États-Unis. Les illustrateurs européens y sont sous-représentés, en premier lieu les Français où seules les remarquables revues XXI et la Revue dessinée préfèrent la pertinence du dessin à celle de la photographie, stimulant par là un patrimoine négligé au pays de Gustave Doré et d’Honoré Daumier qui se console, comme il peut, avec sa seule bande dessinée. Mais ne boudons pas notre plaisir visuel, surtout quand la qualité d’impression est à ce point au rendez-vous.