Le château-musée de Boulogne-sur-Mer retrace l’itinéraire de son enfant chéri, l’égyptologue Mariette pacha.
BOULOGNE-SUR-MER - Célèbre pour avoir découvert à Saqqarah, en 1850, le Serapeum, l’une des nécropoles royales de l’Ancien Empire, Auguste Mariette (1821-1881) fut élevé à la dignité de bey puis de pacha par le vice-roi d’Égypte. Nommé directeur des Antiquités du pays en 1858, il fonda le Musée du Caire afin d’abriter les produits de ses fouilles. La ville natale de l’égyptologue, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), rend aujourd’hui hommage à son enfant chéri grâce à des prêts exceptionnels accordés dans le cadre de « Lille 2004 ». Plus de 150 objets provenant en majorité du Musée du Louvre, mais aussi du Musée égyptien du Caire, du British Museum à Londres, des Musées royaux d’art et d’histoire à Bruxelles, des musées des beaux-arts de Rennes et de Besançon ou encore du Musée archéologique de Strasbourg ont été réunis au château-musée de la ville.
Le parcours suit les traces de Mariette sur les rives du Nil, conformément à l’itinéraire qu’il dessina en 1878. De la région du Caire, les visiteurs se rendent à Assouan et Éléphantine, puis sur les sites de Saqqarah et de Thèbes, sans oublier Gizeh, Meïdoum, Abydos et Tanis. Ils découvrent des pièces emblématiques de l’art égyptien, comme le Buste colossal d’Akhenaton (XVIIIe dynastie) du Musée du Caire, la statue en diorite d’Amon protégeant Toutânkhamon (XVIIIe dynastie), la Stèle du prince Mineptah (XIXe dynastie) ou le non moins célèbre Hippopotame en faïence émaillée (XVIIe dynastie) provenant du Louvre. Les scénographes ont su habilement tirer profit des espaces disparates du château pour créer une ambiance des plus vivantes. La mise en scène permet en effet de situer les objets dans leur contexte sans pour autant tomber dans le pittoresque. Seule déroge à ce principe une salle en sous-sol qui reconstitue un chantier de fouilles au XIXe siècle, manière de s’immiscer dans l’univers de l’aventurier. Le Cercueil du roi Kamose (XVIIe dynastie, Musée du Caire), le Sarcophage de Besenmout (XXVIe dynastie, British Museum) ou le Couvercle de cercueil momiforme de Pami (fin de la XXIIIe dynastie, Musée du Louvre) sont présentés allongés derrière des voilages sur lesquels sont reproduites les vues des sites égyptiens. Dans les espaces suivants, des vitrines permettent de découvrir l’art de la cour avec les bijoux de la reine Aah-Hotep I, du prince Khaemouaset (quatrième fils de Ramsès II) ou de Paser, vizir de Ramsès. Certains objets de même provenance sont rassemblés pour la première fois depuis que Mariette les mit au jour. Ainsi de plusieurs oushebtis (petites figurines funéraires) aujourd’hui dispersés à travers le monde. À noter également : la réunification des deux éléments du buste du gouverneur Panémérit (fin de l’époque ptolémaïque), dont la tête est conservée au Musée du Caire et le torse au Louvre. Chaque salle est équipée de bornes interactives intelligemment conçues, qui compensent la faiblesse des cartels.
Campagne de rénovation
Initiative exemplaire, l’organisation de l’exposition s’est accompagnée d’une grande campagne de rénovation du château-musée – notamment de la toiture, des terrasses et des glacis –, ainsi que du nettoyage et de l’inventaire d’une partie de ses collections. Ces travaux permettent aujourd’hui à Boulogne-sur-Mer d’accueillir les pièces prestigieuses du Louvre et se pose en candidate pour abriter, à long terme, l’antenne que l’institution parisienne compte ouvrir en région, dans le Nord - Pas-de-Calais ou en Picardie – le ministre de la Culture devrait se prononcer à ce sujet d’ici à la fin de l’été.
Jusqu’au 30 août, château-musée de Boulogne-sur-Mer, rue Bernet, 62200 Boulogne-sur-Mer, tél. 03 21 10 02 20, tlj sauf mardi, 10h-19h et 22h le vendredi. Catalogue, éditions Somogy, 304 p., 40 euros.
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Les pharaons brillent à Boulogne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°196 du 25 juin 2004, avec le titre suivant : Les pharaons brillent à Boulogne