Sonder la peinture abstraite, tantôt à la façon américaine, tantôt française, tel est le programme de trois expositions programmées à la galerie des Filles du Calvaire. La première, pensée par le critique d’art Éric de Chassey, s’attache aux points, aux lignes, aux plans et à leur interaction. Sept artistes qui s’adaptent plus ou moins littéralement à cette problématique ont été sélectionnés comme Jo Baer, Noël Dolla, Joanne Greenbaum, Philippe Richard et Dan Walsh. Mais c’est surtout Miquel Mont qui répond bien au thème choisi, tant il sonde à la fois la peinture pour elle-même et la question du plan dans son rapport à l’architecture et à la toile. À l’étage de la galerie, les petits formats pâteux de Karina Bisch font face à un mur presque entièrement recouvert d’un rose franc. Une fresque monochrome qui souligne tous les décrochements architecturaux, des entailles auxquelles on n’aurait pas fait forcément attention dans d’autres conditions. Cette cimaise colorée est percée d’une multitude de petits trous placés à intervalles réguliers pour constituer une grille (motif moderniste par excellence), cercles remplis par une peinture dense qui constitue une « peau murale », pour reprendre les termes de Miquel Mont. Cet artiste catalan est surtout connu pour ses empilements de peinture, tantôt qualifiés (de manière très parlante et alléchante) de feuilletés, de sandwichs, de pièces montées ou encore de tranches napolitaines, dont deux exemples sont présentés autour de la grande pièce créée pour la première fois dans cet espace. Ces petits objets qui se décollent du mur en laissant voir des parties ténues de couleurs, échappées de l’enfermement et de la compression, et la communion de cette couche épaisse et colorée avec son support, laissent éclater la matérialité de la peinture.
PARIS, galerie les Filles du Calvaire, jusqu’au 14 octobre.
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Les peaux murales de Miquel Mont
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Les peaux murales de Miquel Mont