À cinquante-deux ans, Bill Viola est considéré comme le maître du classicisme en vidéo. L’église Saint-Eustache à Paris avait, pour mémoire, accueilli sa Visitation, inspirée du tableau de Jacopo Pontormo, dans le cadre du Festival d’automne en 2000. L’artiste californien se voit aujourd’hui consacrer une exposition personnelle par
le Musée J. Paul Getty de Los Angeles, précédant des étapes à la National Gallery Londres et à Munich.
LOS ANGELES - Ces dernières années, le vidéaste Bill Viola n’a eu de cesse de se consacrer à sa vision de l’antique. Le Musée J. Paul Getty de Los Angeles lui a ouvert ses portes pour une exposition personnelle où treize œuvres vidéo sont réunies sous le titre Les Passions. À cette occasion, l’institution californienne lui a commandé Émergence (2002), inspirée d’une Pietà de Tommaso di Cristoforo di Fino (dit Masolino da Panicale) datant de 1424. Une inspiration plutôt libre car la Vierge et saint Jean, qui pleurent le Christ mort dans le tableau original, sont remplacés par deux femmes ; celles-ci surprennent l’apparition d’un jeune homme livide qui émerge d’un tombeau rempli d’eau avant de s’effondrer dans leurs bras. La particularité réside dans les mouvements répétitifs, ralentis, qui caractérisent aussi Observation (2002), mettant en scène dix-huit danseurs. La National Gallery de Londres, qui accueillera l’exposition à la fin de l’année, a pour sa part produit Le Quintet des étonnés (2000). Conçue à partir du Christ raillé de Jérôme Bosch (1490-1500), cette œuvre monumentale excelle dans sa manière de rendre visible les sentiments et les communications silencieuses entre les personnages. Un des premiers travaux de Bill Viola autour de ce propos remonte à 1984 lorsque, en résidence au zoo de San Diego, il explorait la conscience des animaux tout en y conjuguant son côté zen et bouddhiste. Le syncrétisme philosophique est en effet un des autres traits de son travail : l’épiphanie des Cinq anges pour le Millenium (2001), projeté sur cinq écrans séparés, est un mélange fascinant des différentes cultures religieuses – de l’islamique à la chrétienne. Les passions qui apparaissent dans Six têtes (2000) n’ont, quant à elles, rien à voir avec l’iconographie christique mais sont l’expression de simples sentiments – la joie, l’affliction, la colère, la peur, la timidité, le sommeil et le rêve. Ceux-ci explosent dans Montagne silencieuse (2001), une œuvres dépeignant les multiples manifestations du désespoir : on pense inévitablement à Francis Bacon et à ses mémorables Trois études pour une crucifixion.
Jusqu’au 27 avril, J. Paul Getty Museum, 1200 Getty Center Drive, Los Angeles, tél. 1 310 440 7300, tlj sauf lundi et jours fériés, 10h-18h, vendredi et samedi 10h-21h, www.getty.edu. Catalogue édité par le J. Paul Getty Museum, 298 p., 250 ill. couleur et 30 ill. n&b, couv. cartonnée, 75 dollars (env. 69 euros), ISBN 089236-713-X ; couv. souple, 45 dollars, ISBN 089 236-720-2.
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Les passions selon Viola
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°164 du 7 février 2003, avec le titre suivant : Les passions selon Viola