Depuis ses premières expositions en 1984, Lisa Milroy ne cesse de s’interroger sur la question de la représentation picturale. Chacune de ses toiles engage un processus de mise en abyme du réel. Traits et couleurs creusent la figuration pour mieux en révéler les traces d’arbitraire. Aujourd’hui, pour sa troisième exposition à la galerie Jennifer Flay, elle propose trois séries de peintures. Douze vues de Londres, réalisées avec de la peinture pour bâtiment, rythment l’espace par leur taille monumentale. Leur support en bois transparaît par endroit, renforçant ainsi la tension entre les moyens employés et l’exigence de réalisme qui est la sienne. Dans la seconde série, le visiteur peut découvrir douze toiles avec sur chacune un bol de thé. La facture est ici plus aboutie, plus intime aussi. Les formats, comparables au classique tableau de chevalet, donnent à ces représentations une présence presque humaine. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : conférer à des objets du quotidien la puissance d’un portrait singulier, et ainsi inverser les codes picturaux en vigueur. La dernière série, sans doute la plus énigmatique, consiste en trois assiettes peintes. Un poisson saute sur l’une, un champ de blé envahit la suivante, un homme transportant deux personnes en bateau rythme la troisième. Ici, le questionnement est inversé. L’objet devient support de la représentation. Sa valeur d’usage est niée au profit d’une véritable réévaluation de nos codes visuels.
Galerie Jennifer Flay, 15 septembre-10 novembre.
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Les objets quotidiens de Lisa Milroy
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Les objets quotidiens de Lisa Milroy