Sous le titre un brin ésotérique « Pangaea » – signifiant littéralement en grec « toutes les terres », mais qui fait allusion, ici, au souvenir idéal d’une terre africaine et latino-américaine originellement réunies –, la Saatchi Gallery de Londres expose, côte à côte et en toute subjectivité, de jeunes artistes issus de ces deux continents.
Certes, l’exercice est périlleux, car ces plasticiens ne sont pas tous de la même trempe. Sans doute certains d’entre eux lorgnent-ils encore un peu trop vers les biennales d’art contemporain et le travail de leurs aînés consacrés, et par là même enviés… Qu’importe ! Il est toujours réjouissant de faire de belles découvertes, comme celle de l’artiste colombien Rafael Gómezbarros, dont les gigantesques insectes (mi-abeilles, mi-fourmis réalisées en fibre de verre, en corde et en coton) ont pris d’assaut les murs immaculés de la Saatchi Gallery le temps de l’exposition. Mais, là où nos esprits européens convoquent d’emblée le souvenir angoissant de Kafka, l’artiste latino-américain évoque plutôt les flux migratoires des populations, leur capacité à s’approprier un territoire. Chez les plasticiens africains, les références apparaissent plus visibles, parfois même un peu trop… Le jeune Ivoirien Aboudia a manifestement beaucoup regardé Jean-Michel Basquiat et ses figures spectrales aux allures de zombies. Le photographe béninois Leonce Raphael Agbodjélou lance, quant à lui, un clin d’œil savoureux à Picasso : ses Demoiselles de Porto Novo n’en sont pas moins d’une rare élégance. C’est assurément la vision d’une Afrique plus urbaine et plus électrique que véhiculent les grandes toiles à l’acrylique du Gabonais Boris Nzebo, l’un des coups de cœur de cette inégale mais foisonnante exposition.
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Les nouveaux « magiciens »
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Abonnez-vous dès 1 €Saatchi Gallery, King’s Road, Londres (Grande-Bretagne), www.saatchigallery.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Les nouveaux « magiciens »