Plus qu’un autre, le surréalisme s’est montré un mouvement largement ouvert à toutes les expériences plastiques.
C’est qu’il s’agissait de chercher à rendre compte de tout ce qui pouvait échapper à l’entendement le plus rationaliste, tout ce qui était d’une imprévision, d’un inattendu, d’une surprise, voire de l’étrange. Il était donc question de révéler un monde enfoui. À cette tâche, la photographie s’est naturellement imposée comme l’un des médiums les plus riches d’invention et les artistes ont été nombreux à en exploiter les moyens. Intitulée « La subversion des images », l’exposition du Centre Pompidou tente de mettre en lumière l’extraordinaire aventure qu’ont partagée des artistes comme Man Ray, Bellmer, Ubac et Claude Cahun. Comment ils ont contribué à élargir le champ artistique en y inscrivant tant de nouveaux sujets ou de nouveaux supports que de nouvelles procédures de création d’images. Collages, rayogrammes, photomontages, livres d’artistes, photomatons, films témoignent d’une inventivité sans frein qui a fait complètement éclater les frontières entre les genres. La structure même de l’exposition en neuf chapitres en est une parfaite illustration. Son parcours entraîne le visiteur de l’action collective, creuset de la mythologie surréaliste, au bon usage du surréalisme, en passant par tout un dédale de sections qui font la part belle à l’irrationnel, au fortuit, au montage, à l’intime, au scopique, à l’automatique et à l’anatomique. C’est dire si on y retrouve tous les critères et tous les ingrédients qui déterminent le surréalisme à l’ordre d’une introspection et de la tentative de parvenir à cette « terre du désir » si chèrement convoitée par Breton. S’appuyant sur la célèbre formule de ce dernier : « La beauté sera convulsive ou ne sera pas », Quentin Bajac, l’un des cinq commissaires de cette abondante exposition, souligne ce que doit le surréalisme tant au vocabulaire érotique que médical ou scientifique. Si c’est encore une fois placer le fait de création sous les ailes du désir, à l’écart de la norme, c’est surtout confirmer la photographie dans son rôle de médium révélateur. Dans cette façon d’opérer en différence fondamentale – jusqu’à la subversion – avec tous les autres modes de représentation traditionnelle. Au regard d’une histoire de l’image, notamment.
« La subversion des images – Surréalisme, photographie, film », Centre Pompidou, Galerie 2, Paris (IVe), www.centrepompidou.com, jusqu’au 11 janvier.
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Les mondes enfouis de la photographie surréaliste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°617 du 1 octobre 2009, avec le titre suivant : Les mondes enfouis de la photographie surréaliste