Les Meynet pour le plaisir

Les quatre premières sections de l’exposition (Séries, La beauté de l’ordinaire, Matières et Formes/volumes/couleurs) et la cinquième (Métis), où l’on découvre de fascinantes productions de « l’art colon », sont présentées dans deux salles différentes situées au sein des collections permanentes. 

Il apparaît tout de suite évident, dès que l’on pénètre dans la première salle, que chaque objet a été choisi avec ferveur et délicatesse pour sa matérialité, pour une palpable sensualité des matériaux qui le constituent. À la question : « Il ne paraît pas possible, au regard de la forte présence matérielle de chacun de ces objets, que vous n’ayiez pas vous-même une pratique du travail de la matière ? », Michel Meynet, pudique, tarde à répondre, puis confie : « Oui, je collectionne avec passion, mais je passe aussi beaucoup de temps à travailler sur des morceaux de bois brut, à les tailler, les raboter et les polir longuement, pour le plaisir… »

Cette sensibilité à la matière explique évidemment pourquoi les pipes de guérisseurs masaïs du Kenya, les appuie-nuque chinois du Yunan, les vanneries pour ikebana (Japon), le couple d’onile du Nigeria, l’aquatinte en couleurs de Pierre Dmitrienko (1925-1974) ou les deux bols sublimes de simplicité de Nagasawa Setsuko (née en 1941), en tout plus de trois cents pièces, nous font basculer dans un monde d’une troublante humanité, dans un univers où l’homme paraît si délicatement et audacieusement humain que cela redonnerait presque confiance en l’avenir du plus redoutable prédateur de la planète.