Manga ou pas manga ? Peut-on rapprocher l’œuvre pleine de charme de Yoshitomo Nara (né en 1959) de la bande dessinée japonaise qui fait fureur dans le monde entier ? Oui, car le sens littéral de ce mot – « image dérisoire » ou « dessin non abouti » – décrit bien les petits personnages aux grands yeux et à l’expression souvent malicieuse réalisés par Nara.
Oui, car ces travaux partagent avec les mangas la même approche graphique : les lignes sont dépouillées, le décor non fouillé et l’espace aplati. Non, car, à la différence d’un manga où des acteurs, dans des poses souvent dynamiques, développent une narration, les fillettes de Nara, isolées, dans une position frontale au milieu du support – papier, toile, carton, enveloppe – n’offrent et ne proposent aucun récit explicite. L’artiste, qui a fréquenté l’Académie des beaux-arts à Düsseldorf à partir de 1982 et a séjourné pendant douze ans en Allemagne, a parfois versé dans les visages stéréotypés. Pourtant, et c’est l’intérêt principal de ce travail – qui a eu un énorme succès au Japon et a donné lieu à la création d’un musée dédié à l’artiste –, la variété des expressions que dégagent ses figures est remarquable. Nara le sait, le moindre changement du visage modifie profondément notre apparence. Ainsi, en rectifiant à peine les traits, il attribue un caractère différent à chacune de ces poupées vivantes. Séduisantes ou effrontées, contemplatives ou en colère contre le monde qu’elles savent déjà cruel, ces figurines sont comme un sismographe visuel. En somme, chez lui, le semblable n’est jamais identique.
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Les mangas artistiques de Yoshitomo Nara
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : Les mangas artistiques de Yoshitomo Nara