Quel meilleur exemple d’échanges culturels que celui de la Russie du début du siècle, à l’heure où quelques amateurs éclairés s’intéressaient aux peintres français et commencaient à constituer d’importants ensembles ? Parmi eux, Sergei Chtchoukine et Ivan Morozov qui achètent aux marchands parisiens Durand-Ruel et Ambroise Vollard plusieurs centaines de toiles impressionnistes, néo-impressionnistes et cubistes. Soucieux d’ouvrir leur pays à l’art venu d’ailleurs, ils rendent publiques leurs collections. Tous les samedi matin, Chtchoukine reçoit les artistes dans son grand hôtel particulier de Moscou. Natalia Gontcharova, Mikhail Larionov, Kasimir Malevitch, Liubov Popova et Vladimir Tatlin y découvrent Monet, Gauguin, Renoir, Cézanne et plus tard Matisse, Braque et Picasso. Le choix des sujets, comme le traitement de la forme et des couleurs en seront irrémédiablement bouleversés. Le musée de l’Ermitage de Saint-Petersbourg prend aujourd’hui la pleine mesure de cet héritage et plus particulièrement celui de Cézanne, à travers l’influence du maître de l’Estaque sur l’émergence de l’avant-garde russe. Au final, une confrontation forte de 50 toiles du peintre aixois et de 50 toiles russes des années 1910 à 1930. Des rapprochements didactiques permettent d’en mesurer tout le poids : les deux versions du Fumeur de Cézanne – l’une provenant de la collection Chtchoukine, l’autre de celle de Morozov – sont placées à côté des tableaux de Goncharova et Larionov sur le même sujet. Une occasion unique enfin de voir des œuvres phares, rarement exposées, comme Jeune Fille au Piano (1867-1868), Nature morte au drapé (1894-1895) ou encore les sept toiles du groupe Trésors cachés (1876-1898).
SAINT-PETERSBOURG, Musée de l’Ermitage, 8 août-24 septembre.
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Les leçons de Cézanne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°498 du 1 juillet 1998, avec le titre suivant : Les leçons de Cézanne