Les joies de la contemplation de la nature

Après avoir sélectionné des œuvres issues de leurs collections personnelles, Tobias Pils et Joe Bradley ont désiré mettre en avant des artistes singuliers, des outsiders restés aux marges des sentiers officiels : le premier a choisi de montrer les paysages aquarellés de l’artiste autrichien Hans Kruckenhauser, le second a privilégié ceux peints par Alyne Harris depuis sa campagne en Floride. Avec pour fil rouge un goût évident pour le paysage, l’un des intérêts de l’exposition est de faire découvrir des démarches peu connues et qui prennent un contre-pied salutaire avec le diktat progressiste imposé par l’idéologie moderniste d’un grand nombre d’institutions françaises. Petite parenthèse sensible et fort bienvenue pour le regard des visiteurs amoureux de peinture, qui pourront goûter aux joies de la couleur et de la contemplation de la nature sans être taxés de ringards ou de réactionnaires. Loin de l’idée mortifère de rupture irréversible, c’est de vie dont il est question ici, et de s’ancrer bel et bien dans le présent, sans pourtant rompre avec l’histoire des origines de l’art moderne. Avec délicatesse et humilité, les petits formats d’Alyne Harris renouent avec la tradition du paysage sur le motif, captant la vibration, le mouvement et la lumière de la nature avec une grande vivacité. Tout comme Hans Kruckenhauser ne prétend rien inventer, si ce n’est tenter de saisir la beauté fugace du monde qui se déploie sous ses yeux.