La nouvelle exposition de Stephen Maas s’appelle « What am I am doing here...» Un tel titre, proprement intraduisible sinon par un très inélégant « Que fais-je je fais ici... » pointe l’une des caractéristiques les plus fondamentales d’un travail qui s’est développé avec une grande cohérence thématique et une extraordinaire variété de moyens depuis la première apparition en France de cet immigré anglais, en 1984. Sa sculpture, ses dessins, ses aquarelles tiennent toujours du bricolage, du jeu avec les éléments plastiques et souvent aussi du jeu de mots. Mais cet effet n’est en aucune façon une préciosité, un amour du mal fait pour lui-même. Ses sculptures, qui gardent toujours visible leur caractère d’assemblage précaire, paraissent à la fois posées là comme sans l’avoir fait exprès et évidentes comme des apparitions ou des épiphanies. On y retrouve la présence du motif des oiseaux, ainsi que des cages et pièges destinés à les enfermer tant bien que mal. Et peut-être ce motif signale-t-il en lui-même les intentions de l’artiste, qui pourrait trouver une parenté aussi bien dans le petit oiseau volant dans le sous-bois du Déjeuner sur l’herbe que dans les volatiles à peine discernables des grandes photographies de Jean-Luc Mylayne. Une des dernières séries se compose de simples panneaux de métal recouverts de peinture à peine étalée, laissant deviner ici un buste, là des oiseaux ou des cloches. L’un d’entre eux, posé en biais contre un mur dans une certaine instabilité, porte une inscription en anglais qui répond implicitement au reproche qui pourrait être fait à cette œuvre pourtant exigeante par ceux qui confondent sérieux avec lourdeur et didactisme pontifiant : Little winker (petit cligneur) au lieu de « little wanker » (petit branleur)...
Galerie Bernard Jordan, jusqu’au 6 mars, et REIMS, École supérieure d’art et de design, jusqu’au 9 mars.
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Les jeux de mots de Stephen Maas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Les jeux de mots de Stephen Maas