Les jalons d’une collection

Riche de près de deux mille œuvres – dont plus de 500 ont été données en 2012 à l’État pour dépôt permanent à Avignon –, la collection constituée par l’ancien marchand se trouve ici résumée à une présentation de treize artistes jalonnant son histoire, autant que celle de l’art contemporain du demi-siècle écoulé. Le cadre patrimonial de l’hôtel de Caumont confère au parcours, organisé en salles successives dédiées à chaque artiste, une onction institutionnelle rétrospective. Celle-ci manquait certainement au galeriste quand il fut l’un des premiers à oser exposer les œuvres conceptuelles de plasticiens américains encore méconnus en France tels que Sol LeWitt, Donald Judd, Robert Barry, ou Robert Ryman – dont les laques sur toile clôturent l’exposition comme une idée subliminale de la peinture. À cette rigueur minimale répond la délicatesse de Richard Tuttle, l’art plus narratif et théâtral de Christian Boltanski, la peinture coloriste extravertie de Robert Combas ou celle figurative de Jean-Charles Blais, l’expressionnisme sombre d’Anselm Kiefer ou Miquel Barceló, les griffonnages symboliques de Cy Twombly, les ellipses photographiques scandaleuses d’Andres Serrano… Les artistes femmes ? On les trouvera dans le second volet de ce cycle commémoratif, consacré à « l’intime dans la collection Lambert », qui offre, entre autres, un superbe focus sur un ensemble de photographies de Nan Goldin (« Je refléterai ce que tu es », jusqu’au 20 septembre).