Joel Meyerowitz a toujours tenté de coller à ses sensations, dans sa vie d’homme comme de photographe. D’ailleurs, c’est cet aiguillon qui, en 1962, le décida à être photographe alors qu’il n’avait pas d’appareil.
La photographie, il l’a découverte en effet lors d’une séance photo que son patron, directeur d’une agence de publicité, lui avait demandé de superviser. Le photographe, que le jeune homme ne connaissait pas, était Robert Frank ; « J’étais ébahi par sa manière de bouger, d’utiliser son Leica », raconte-t-il cinquante ans plus tard. « Arrivé à l’agence, j’ai donné ma démission, emprunté à mon patron un appareil et chargé une pellicule couleur. » Avec une seule obsession : être dans les rues de New York, sa ville natale à prendre des clichés de ce qui « le capte, suscite des émotions. Des émotions liées à la couleur », précise-t-il. Et, contrairement à ce qui se pratiquait alors, en photographie d’auteur. La quasi-impossibilité de développer lui-même ses pellicules le conduira cependant au noir et blanc et à avoir notamment lors de son voyage en Europe (1966-1967) deux appareils chargés différemment. À regarder le même cliché pris en couleur et en noir et blanc, sa décision sera prise : « L’image en couleur est plus riche en informations. »
La rétrospective de la MEP qu’il a scénographiée déroule son cheminement, des premiers clichés aux décombres de Ground Zero. Parcours sans écart d’un coloriste rentré dans la légende, qui n’a eu de cesse de saisir la saveur et l’impression visuelles de l’instant, de ce qu’il aime, le bouleverse dans tout l’éclat, les nuances de la couleur et la justesse du cadrage comme celle du moment. Portrait aussi en creux d’un homme qui aime profondément l’humain et le monde qui l’entoure. En toute lucidité.
« Joel Meyerowitz une rétrospective »,
Maison européenne de la photographie, 5/7, rue de Fourcy, Paris-4e, www.mep-fr.org
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les instants couleurs de Joel Meyerowitz
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°655 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : Les instants couleurs de Joel Meyerowitz