GAND / BELGIQUE
Gand célèbre le 85e anniversaire du peintre allemand Gerhard Richter. Des œuvres des années 1960-1970, parmi les toutes premières peintures de l’artiste, ouvrent le parcours de l’exposition, lequel se termine avec des travaux très récents : huit Abstract Paintings de 2017 montrées pour la première fois.
Richter n’a jamais prétendu être simple, tout son œuvre en témoigne. Chaque création interroge la complexité du regard sur le « réel ». « Puisqu’il n’existe pas de droit absolu et de vérité, nous poursuivons toujours la vérité artificielle, dirigeante et humaine. Nous jugeons et faisons une vérité qui exclut d’autres vérités. L’art joue un rôle formateur dans cette fabrication de la vérité », notait Richter en 1962. Peu d’artistes ont poursuivi des recherches aussi multiformes, passant des abstractions les plus variées aux figurations les plus diversifiées.
Au milieu de la première salle de l’exposition, 4Panes of Glass (1967), une œuvre réalisée avec quatre grandes plaques de verre rectangulaires encadrées de baguettes noires, chacune fixée en deux points à de minces tiges métalliques verticales et pouvant pivoter sur leur axe, permettent de porter des regards en perpétuelle évolution – transparences, reflets, déformations de la vision – sur la structure elle-même et sur la quinzaine de peintures visibles sur les cimaises. Toujours, Richter interroge la perception et la fabrication de l’image, avec une conscience aiguë de la multiplicité des possibles apparences de ce que nous percevons. Et avec un bel optimisme : « L’art est la plus haute forme de l’espoir », écrivait-il en 1982.
« Gerhard Richter. About Painting »,
S.M.A.K., Jan Hoetplein 1, Gand (Belgique), www.smak.be/fr/exposition/11000
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : Les insaisissables « réalités » de Richter