Les impressionnistes aux Etats-Unis

Lors de l’exposition impressionniste de 1876, un certain Henry James, alors correspondant du New York Tribune, envoyait à son journal un article où l’on pouvait lire : « Aucun de ses membres ne montre les signes d’un talent de premier ordre, et de fait les doctrines “impressionnistes” me frappent comme incompatibles, dans l’esprit d’un artiste, avec l’existence d’un grand talent. Pour les accepter, il faut être doté d’une absence totale d’imagination ». Mais ce jugement négatif ne devait pas s’imposer en Amérique. Dix ans plus tard, le marchand Paul Durand-Ruel tente une première exposition à New York. Ses « œuvres à l’huile et au pastel des impressionnistes de Paris » se vendent suffisamment bien pour qu’il envisage une deuxième exposition. L’accueil est favorable.
Un journaliste estime que « New York n’a jamais vu une exposition plus intéressante que celle-ci » et le marchand écrit à Fantin-Latour : « Ne croyez pas que les Américains soient des sauvages. Au contraire, ils sont moins ignorants, moins prisonniers de la routine que nos collectionneurs français ». Ils furent en tout cas très avisés, et achetèrent massivement des œuvres impressionnistes, au bon moment. Degas, en particulier, figure en bonne place dans les collections américaines. Son amie peintre Mary Cassat travaille inlassablement à attirer l’attention de ses compatriotes sur son œuvre. Dès 1873, elle lui présente la future Madame Havemeyer, qui lui achète un premier pastel, et qui ne s’en tiendra pas là. Avec plus de 80 œuvres exposées ou achetées en Amérique entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, couvrant toutes les techniques (peinture, pastel, dessin, estampe, sculpture), et toutes les périodes de sa carrière, cette exposition offre une vision tout à fait complète de l’œuvre de Degas.