« Si c’était à refaire, je commencerais par la culture » aurait un jour déclaré Jean Monnet, le père de la construction européenne. Certes, la culture n’est pas aujourd’hui le moteur de l’Union Européenne, mais pour autant, l’Histoire montre que les artistes avaient bel et bien précédé cet appel. C’est ce que démontre cette ambitieuse exposition, conçue dans le cadre des manifestations culturelles Europalia, par Roland Recht, professeur au Collège de France.
L’historien d’art écrit ici les lignes d’une grande chronique de l’art à l’aune des échanges européens. Le panorama a été rendu possible grâce à la participation des plus grands musées et bibliothèques, qui ont accepté de prêter leurs chefs-d’œuvre, soit deux cent cinquante au total dont des feuillets de la main de Léonard de Vinci provenant de la bibliothèque Ambrosiana de Milan ou encore les grandes toiles maniéristes de Spranger du Kunsthistorisches Museum de Vienne.
Indubitablement, l’Europe s’est forgée par les arts. De l’époque des invasions barbares, à l’origine de fructueuses confrontations, au Siècle des lumières, période d’élaboration du concept de nation, le continent est devenu un formidable creuset intellectuel. L’entité culturelle européenne est ainsi présentée telle un « grand atelier ». L’atelier est en effet le lieu de la création artistique, à la fois espace d’élaboration mais aussi d’échange et de monstration des œuvres, un « espace mental en même temps qu’un espace artisanal », précise Roland Recht.
Avant de se structurer à la Renaissance, il est aussi le scriptorium des monastères, centre de création des plus belles miniatures médiévales mais aussi conservatoire de la pensée antique. Il se mue ensuite en un lieu de production, parfois caractérisé par une véritable rationalisation du travail entre maître et assistants. À la fois clos et ouvert, l’atelier n’est pas non plus imperméable aux échanges. L’exposition montre ainsi à quel point les influences byzantines ou musulmanes se diffusèrent parfois dans des zones très reculées, jusqu’à l’Oural et la Baltique.
Images et artistes circulent ainsi dans l’espace européen. Puis la gravure et le livre imprimé permettent d’intensifier ces échanges. L’époque moderne introduit des nouveautés : regard sur l’autre et circulation non plus seuls artistes mais aussi des amateurs, par le biais du Grand Tour. La culture et les arts deviennent alors, pour les amateurs, une nouvelle forme de « sociabilité européenne ».
« Le Grand Atelier. Chemins de l’art en Europe », Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein 23, Bruxelles (Belgique), tél. 00 32 25 07 82 00, www.bozar.be, jusqu’au 20 janvier 2008.
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Les frontières ouvertes de l’Europe artistique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°596 du 1 novembre 2007, avec le titre suivant : Les frontières ouvertes de l’Europe artistique