Les fleurs du mal d’Edvard Munch

Un poème de vie, d’amour et de mort », conçue en partenariat avec le Musée Munch à Oslo, le Musée d’Orsay fait le choix de s’affranchir de toute chronologie pour nous proposer un voyage dans l’œuvre de celui dont le Cri est connu de tous. Au seuil du parcours, qui réunit une centaine d’œuvres de 1880 à sa mort, c’est le peintre lui-même, dans un Autoportrait à la cigarette, qui nous ouvre la porte de son monde, plongeant son regard bleu dans le nôtre. « Mon semblable, mon frère ! », semble-t-il nous murmurer à l’oreille avec les mots de Baudelaire, son aîné, symboliste avant lui, qui choisit la poésie pour sonder la profondeur de l’âme, celle de la solitude, explorer les vertiges de la luxure, apprivoiser la mort. Si l’exposition déroule certains thèmes qui permettent d’appréhender l’œuvre de Munch, dont elle donne les clés (l’exploration de l’âme, les vagues de l’amour, le drame du huis clos ou encore la Frise de la vie), elle semble surtout nous inviter à aller et venir d’un tableau à l’autre, afin de saisir les échos et les dialogues qui se nouent entre les œuvres. Un baiser où les visages des amoureux se mélangent annonce toute une série d’autres baisers qui se développeront plus loin. Les nuées rouges qui traversent le ciel d’Humeur malade au coucher du soleil, désespoir semblent s’épancher dans la chevelure de la femme devenue Vampire, comme dans celle d’une enfant malade au seuil de la mort. À une nuit étoilée, inspirée de celle de Van Gogh, succède le rouge d’un Enfer flamboyant. C’est la dernière toile de l’exposition, et l’on se retourne sur elle comme sur l’histoire de nos vies et de nos cœurs sanguinolents racontés par Munch, traversés de douleurs, d’angoisses et d’une recherche constante de la lumière.