Exposition

Les expositions immanquables de l’année 2025

Par La rédaction de L'Œil · L'ŒIL

Le 5 janvier 2025 - 3776 mots

Découvrez, mois par mois, les conseils de la rédaction des événements.

Suzanne Valadon (1865-1938), Le Lancement du filet, 1914, huile sur toile, 201 × 301 cm, Paris, Centre Pompidou. © RMN-GP / SP / Jacqueline Hyde
Suzanne Valadon (1865-1938), Le Lancement du filet, 1914, huile sur toile, 201 × 301 cm, Paris, Centre Pompidou.
© RMN-GP / SP / Jacqueline Hyde

JANVIER

Valadon, femme libre, artiste majeure

• Du 15 janvier au 26 mai / Centre Pompidou – Paris-4e

Il était temps que l’on puisse embrasser l’ensemble de l’œuvre de Suzanne Valadon (1865-1938), artiste admirée par ses illustres pairs, d’Henri de Toulouse-Lautrec à Edgar Degas, mais passée à côté d’une postérité plus prestigieuse. Pourtant l’œuvre est puissante, saisissant souvent par le nu la vérité des êtres, renouvelant aussi le regard porté sur les corps des hommes et des femmes, par la force d’un trait aussi souple que franc. La blanchisseuse de Montmartre et modèle pour les peintres devient une artiste accomplie qui doit à la fois s’imposer dans un monde d’hommes et tenir bon pour rester une femme libre dans sa vie et dans ses mœurs – à une époque qui ne le tolérait pas –, en s’affranchissant du regard des autres et en inventant un monde à soi [lire p. 74].

« Suzanne Valadon », www.centrepompidou.fr

Guillaume Bresson, historien du temps présent

• Du 21 janvier au 25 mai / Château de Versailles (78)

La peinture de Guillaume Bresson (né en 1982) est résolument de notre temps, figurative, réaliste, sociale et, à ce titre, empreinte d’une certaine violence. Mais elle est aussi traversée par un héritage profond de la peinture classique. Sa mise en scène presque baroque des corps fait dialoguer ses œuvres avec les grandes scènes de bataille des conquêtes coloniales de Louis-Philippe dans les salles d’Afrique du château de Versailles.

« Guillaume Bresson – Versailles », www.chateauversailles.fr

Guillaume Bresson, Sans titre, 2024. © Simon Cherry © Adagp Paris 2025
Guillaume Bresson, Sans titre, 2024.
© Simon Cherry
© Adagp Paris 2025
La fin d’une histoire, la naissance d’un récit

• Du 25 janvier au 1er septembre / Centre Pompidou – Metz (57)

Réunissant les œuvres de 40 artistes internationaux, l’exposition « Après la fin… » interroge le récit occidental enraciné dans un système colonial. À travers des récits nouveaux et ancestraux, elle met en lumière l’importance des communautés. Organisée autour de réflexions sur la diaspora et les limites de la modernité, elle invite à imaginer des mondes alternatifs, dépassant les cadres de notre époque.

« Après la fin, cartes pour un autre avenir »,www.centrepompidou-metz.fr

FÉVRIER

Hennequin de Bruges, Nicolas Bataille, Robert Poincon, Fragment de la Tapisserie de l’Apocalypse : Quatrième flacon versé sur le soleil, Paris, vers 1373-1380, tissage en fils de laine. © Bernard Renoux / CMN
Hennequin de Bruges, Nicolas Bataille, Robert Poincon, Fragment de la Tapisserie de l’Apocalypse : Quatrième flacon versé sur le soleil, Paris, vers 1373-1380, tissage en fils de laine.
© Bernard Renoux / CMN
Imaginaires du jour d’après

• Du 4 février au 8 juin / Bibliothèque nationale de France – Paris-13e

Apocalypse… Voilà un mot qui effraie depuis plus de 2 000 ans, et qui annonce une catastrophe majeure, qu’elle soit aujourd’hui politique ou climatique. Et pourtant, l’étymologie du mot est plus positive que le sens que lui a donné l’histoire. L’apocalypse, c’est la révélation, le dévoilement. C’est autour de cette idée, qui a nourri, les imaginaires du Moyen Âge à notre époque que se construit cette exposition, avec des pièces rarement visibles, comme des manuscrits de l’Apocalypse de Jean, des fragments de tapisseries d’Angers, des gravures d’Albrecht Dürer, des tableaux de William Blake, Vassily Kandinsky ainsi que de nombreuses sculptures, photographies, installations ou extraits de films, permettant de comprendre comment ce « jour d’après » a nourri les fictions et les représentations les plus inventives.

« Apocalypse, hier et demain », www.bnf.fr

Quand les nazis attaquaient l’art moderne

• Du 18 février au 25 mai / Musée national Picasso – Paris-3e

L’« art dégénéré » est un concept inventé par les nazis pour déconsidérer les œuvres produites par des artistes qu’ils estimaient décadents. La grande exposition organisée à Munich en 1937 par le régime hitlérien avait pour intention de montrer au peuple allemand que les Vincent Van Gogh, Marc Chagall, Pablo Picasso, Paul Klee, Vassily Kandinsky, Otto Dix, Max Beckmann pourrissaient l’âme humaine. Autant de chefs-d’œuvre qui dessinent, en creux, la funeste vision du monde du IIIe Reich [lire p. 66].

« L’art “dégénéré”, une exposition sous le IIIe Reich », www.museepicassoparis.fr

Les artistes en résistance

• Du 26 février au 22 juin / Musée de l’Armée – Paris-7e

Inscrite dans le cadre des commémorations nationales des 80 ans de la Libération, cette exposition est un voyage avec ceux qui, s’opposant au régime de Vichy sont persécutés, et quittent la France occupée pour poursuivre leur combat culturel et gagner la guerre de l’opinion publique dans les pays neutres ou alliés. De Londres à Sydney, en passant par New York, Brazzaville, Buenos Aires, Cuba ou Alger, on chemine avec André Masson, Fernand Léger, Jean Hélion, Ossip Zadkine, Henry Valensi, Alexander Calder et bien d’autres.

« Un exil combattant. Les artistes et la France, 1939-1945 », www.musee-armee.fr

MARS

L’utopie moderne de Fernand Léger

• Du 19 mars au 20 juillet / Musée du Luxembourg – Paris-6e

Véritable dialogue entre Fernand Léger (1881-1955), pionnier de l’art moderne, et les Nouveaux Réalistes apparus dans les années 1960, cette exposition révèle les convergences entre l’artiste et un mouvement né après sa disparition, et notamment autour de la question du réalisme dans la modernité, à une époque faussement ludique de naissance de la société de consommation. Avec Léger comme avec ses successeurs – Arman, Yves Klein, César, Raymond Hains, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Niki de Saint Phalle –, l’objet remplace le sujet. L’empreinte de Léger est même encore plus vaste, irriguant aussi le pop art américain (Robert Indiana, Roy Lichtenstein) comme des artistes qui émergents dans les années 1960 et 1970 (Gilbert & George à Londres, Keith Harring à New York).

« Tous Léger, avec Arman, Yves Klein, Niki de Saint Phalle, Keith Haring » [titre provisoire], www.museeduluxembourg.fr

L’habit fait l’artiste

• Du 26 mars au 21 juillet / Louvre – Lens (62)

Les vêtements choisis par les artistes dans leurs portraits ou leurs autoportraits révèlent leur art tout autant que leur identité, intime et publique. De la Renaissance à aujourd’hui, peintures, sculptures, photographies, vêtements et accessoires dessinent une histoire de la représentation, de l’élégance d’Albrecht Dürer à la perruque d’Andy Warhol, en passant par les turbans de Rembrandt, la robe de chambre de Balzac par Auguste Rodin ou Marcel Duchamp en Rrose Sélavy par Man Ray.

« S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement » [titre provisoire], www.louvrelens.fr

Une peintre de la domination masculine

• Du 19 mars au 3 août / Musée Jacquemart-André – Paris-8e

Remarquablement douée, l’Italienne Artemisia Gentileschi (1593-1656) fut l’une des premières peintres baroques, réussissant à imposer son style inspiré du Caravage, à une époque où les femmes artistes n’étaient pas acceptées. Elle offre un point de vue féminin sur les sujets religieux, mettant en évidence la domination masculine, elle-même ayant été victime de viol et d’un procès humiliant, dont l’un de ses chefs-d’œuvre, Judith décapitant Holopherne, porte la trace.

« Artemisia », www.musee-jacquemart-andre.com

AVRIL

Boudin, peintre de plein air

• Du 9 avril au 31 août / Musée Marmottan Monet – Paris-16e

Le collectionneur Yann Guyonvarc’h a rassemblé une collection exceptionnelle d’œuvres d’Eugène Boudin (1824-1898), sans équivalent dans aucun musée. Elle couvre toutes les étapes de sa carrière, des premières peintures au Havre jusqu’à son dernier voyage à Venise, incluant esquisses intimes et grands tableaux de Salon, comme l’une des plus vastes scènes de plage. Grand peintre de marines, Boudin est l’un des premiers artistes français du XIXe siècle à peindre les paysages à l’extérieur d’un atelier. Ses œuvres dialoguent avec le fonds du Musée Marmottan Monet, révélant les liens entre Boudin et son élève Claude Monet. Avec le concours des archives Durand-Ruel, l’exposition explore également les relations des deux artistes avec leur marchand, offrant un éclairage unique sur leur parcours et leur influence mutuelle.

« Eugène Boudin, le père de l’impressionnisme, une collection particulière », www.marmottan.fr

L’intime au fil de l’art

• Du 4 avril au 24 août / Musée d’art moderne – Paris-16e

Modèle privilégié d’Henri Matisse (1869-1954), sa fille Marguerite Duthuit-Matisse (1894-1982) témoigne autant des évolutions stylistiques de la peinture de son père que de la force du lien qui les unit. Des premières images de l’enfant jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce sont plus d’une centaine de toiles qui forment une série exceptionnelle abordant l’œuvre de l’un des plus grands artistes du XXe siècle sous l’angle d’une intimité familiale.

« Matisse et Marguerite », www.mam.paris.fr

Le flou, symptôme et remède

• Du 30 avril au 18 août / Musée de l’Orangerie – Paris-1er

L’exposition explore le flou comme une clé de lecture de l’art moderne et contemporain. Associé à l’instabilité et au doute, il naît avec l’impressionnisme, puis émerge sur les ruines de l’après-guerre, remettant en question le discernement cartésien au profit d’une représentation en écho aux bouleversements du monde. Les artistes en font une matière privilégiée, célébrant le transitoire, le mouvement et l’inachevé.

« Dans le flou, une autre vision de l’art de 1945 à nos jours », www.musee-orangerie.fr

L’IA recrée le monde

• Du 11 avril au 21 septembre / Jeu de paume – Paris-8e

Les intelligences artificielles génératives envahissent notre quotidien à vitesse accélérée, dans tous les domaines, de l’information à la science en passant par la culture. Effrayantes, étonnantes ou enthousiasmantes, elles se mettent à produire des images, des sons, à traduire, à parler et à créer. L’exposition, déployée sur la totalité des espaces du Jeu de paume, explore la manière dont les artistes contemporains mobilisent, depuis cette dernière décennie, ces intelligences artificielles dans une visée aussi bien critique qu’expérimentale. De l’« IA analytique » à l’« IA générative », l’exposition interroge ces nouveaux outils qui permettent de repenser et de renouveler les processus de création, tout en éclairant la manière dont les machines voient et habitent le monde. L’exposition montre les œuvres – pour certaines inédites – d’artistes de la scène française et internationale.

« Le monde selon l’IA », www.jeudepaume.org

L’Amazonie hospitalière

• Du 18 avril au 8 février 2026 / Musée des confluences – Lyon (69) Longtemps réduite à l’image d’une « forêt vierge » impénétrable aux hommes, la forêt amazonienne est le résultat d’interactions dans lesquelles l’empreinte humaine ancienne est importante et continue. Cette exposition, fruit d’un important travail de terrain auprès de trois populations d’Amazonie, esquisse le portrait d’une forêt contemporaine sous l’angle de la vie quotidienne, du rapport à la forêt et au monde extérieur, et des luttes pour sa sauvegarde.

« Amazonies », www.museedesconfluences.fr

L’art de la fête

• Du 26 avril au 31 août / Palais des beaux-arts – Lille (59)

Qu’est-ce qu’une fête ? Un moment de réjouissance et de respiration dans une société hiérarchisée, mais aussi un moment de sociabilité et d’appartenance à une communauté. C’est sous ces deux axes que cette exposition explore les fêtes flamandes aux XVIe et XVIIe siècles, qu’elles soient des cérémonies religieuses, des bals princiers, des fêtes solennelles ou des kermesses, sous le regard des grands maîtres flamands de la peinture, Brueghel, Rubens, Jordaens…

« Fêtes et célébrations flamandes, Brueghel, Rubens, Jordaens… », www.pba.lille.fr

MAI

Si loin, si proche

• Du 10 mai au 5 octobre / Musée des beaux-arts – Caen (14)

L’horizon nous fournit des repères comme il brouille nos perceptions. Il laisse imaginer un au-delà invisible, fait naître l’illusion de la profondeur ou se dresse comme une barrière inatteignable. Depuis la Renaissance, les artistes n’ont eu de cesse de nous rendre sensible à ce lointain, qui définit l’espace comme les rapports des hommes. De l’invention de la perspective et de ses lois aux œuvres numériques les plus contemporaines, cette exposition présente une centaine d’œuvres du XVIe au XXIe siècle signées Albrecht Dürer, Caspar David Firedrich, Gustave Courbet, Anna-Eva Bergman, Léon Spilliaert, Jan Dibbets, Hiroshi Sugimoto… Symboliques, plastiques ou poétiques, les œuvres, gravures, peintures, dessins, vidéos ou installations, permettent de saisir les dimensions existentielles, imaginaires, matérielles et sensibles des horizons terrestres.

« L’horizon sans fin, de la Renaissance à nos jours », www.mba.caen.fr

Elina Brotherus, Der Wanderer 2, série « The New Painting ». © Elina Brotherus © Adagp Paris 2025
Elina Brotherus, Der Wanderer 2, série « The New Painting ».
© Elina Brotherus
© Adagp Paris 2025
Couleurs, lumières et matières

• Du 24 mai au 22 septembre / Musée national Marc-Chagall – Nice (06)

Sans cesse à la recherche de nouvelles expérimentations créatrices, Marc Chagall (1887-1985) travaille le dessin, la peinture, le vitrail, la tapisserie, la céramique mais aussi la mosaïque. Cette dernière technique, abordée après le retour en France de l’artiste en 1949, à Vence, lui ouvre de nouvelles voies dans ses recherches sur la lumière, la matière, les couleurs et une monumentalité qui dialogue avec l’architecture. L’exposition offre un panorama complet des quatorze projets de mosaïque créés par Chagall.

« Chagall et la mosaïque », [titre provisoire], www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr

Le mélange des civilisations

• Du 29 mai au 4 janvier 2026 / Musée de la romanité – Nîmes (30)

Organisée autour de grandes thématiques, l’exposition met en lumière l’émergence d’une identité gallo-romaine à la suite de la conquête de la Gaule, à travers un parcours archéologique qui explore autant la vie quotidienne des Gallo-Romains que leurs pratiques religieuses. Parmi les œuvres marquantes, la voûte de la Villa de la Millière, restaurée récemment, est présentée pour la première fois au public.

« Gaulois mais Romains ! », www.museedelaromanite.fr

JUIN

Paul Cézanne (1839-1906), Portrait d'Antoine-Fortuné Marion (vers 1871), à découvrir dans l'exposition Cézanne au Jas de Bouffan au Musée Granet, à partir de juin. © Kunstmuseum Basel
Paul Cézanne (1839-1906), Portrait d'Antoine-Fortuné Marion (vers 1871), à découvrir dans l'exposition Cézanne au Jas de Bouffan au Musée Granet, à partir de juin.
© Kunstmuseum Basel
Cézanne de retour au pays

• Du 28 juin au 12 octobre / Musée Granet – Aix-en-Provence (13)

C’est un endroit qu’il n’aimait guère, et qu’il désirait toujours revoir. Paul Cézanne (1839-1906) a passé quarante ans de sa vie dans la bastide familiale Jas de Bouffan à Aix-en-Provence, au milieu d’un parc de 15 hectares qui lui a fourni bon nombre de motifs : natures mortes, joueurs de cartes, baigneurs et baigneuses, portraits et autoportraits. Son père lui installe un atelier au deuxième étage d’où sortiront ses plus grands chefs-d’œuvre. En cette année de restauration d’une bâtisse où, à vingt ans, il a peint ses premières toiles, l’exposition est un rassemblement exceptionnel de plus de 100 œuvres, peintures et dessins, issues des plus grandes collections internationales. Devant se départir à regret du Jas de Bouffan en 1899, Cézanne acquiert un terrain sur la colline des Lauves où il construit un nouvel atelier. Une exposition complétée d’un parcours sur les lieux habités par le peintre.

« Cézanne au Jas de Bouffan », www.museegranet-aixenprovence.fr

Un livre-cathédrale

• Du 7 juin au 5 octobre / Château de Chantilly (60)

Après une importante campagne de restauration, le château de Chantilly révèle les secrets de l’un des plus importants et des plus emblématiques ouvrages du Moyen Âge. Le manuscrit enluminé, composé de 121 miniatures de monuments historiques, de scènes princières et de scènes rurales, date du XVe siècle. Considéré comme un chef-d’œuvre de l’art gothique international, et rarement exposé, il est la pièce maîtresse d’une exposition qui réunit tous les livres d’heures du duc.

« Les très riches heures du duc de Berry », www.chateaudechantilly.fr

Le maître de l’estampe

• Du 28 juin au 7 septembre / Château des ducs de Bretagne - Musée d’histoire de Nantes (44)

L’exposition du château des ducs de Bretagne accueille 150 œuvres du maître japonais Katsushika Hokusai (1760-1849), dont une quarantaine montrée pour la première fois hors du Japon. Outre la célèbre Grande Vague de Kanagawa (1831), les œuvres exposées cheminent entre les représentations de la nature, des paysages, des plantes et de l’eau, ou celles, plus traditionnelles, des femmes de l’ère Edo, permettant ainsi de mesurer l’influence et l’héritage d’Hokusai sur Van Gogh, Monet ou Degas.

« Hokusai (1760-1849), chefs-d’œuvre du Musée Hokusai-kan d’Obuse », www.chateaunantes.fr

Saint Phalle, Tinguely, Hultén, les utopies joyeuses

• Du 6 juin au 4 janvier 2026 / Grand Palais – Paris-8e

Niki de Saint Phalle (1930-2002) et Jean Tinguely (1925-1991) sont unis par la vie comme par leurs œuvres. Ils partagent leurs jours comme leur vision d’un art faisant acte de rébellion contre les normes établies. À ce duo se mêle un troisième homme, Pontus Hultén (1924-2006), premier directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou, et soutien inconditionnel du couple d’artistes. Lui aussi rêve d’un art pour tous, pluridisciplinaire et participatif. Voici le fil rouge d’un parcours d’exposition placé sous l’égide de l’histoire de l’art, du jeu et de l’engagement. Les machines animées et « inutiles » de Tinguely répondent aux « Tirs » de Saint Phalle ou à ses « Nanas » colorées et iconoclastes. Une manière malicieuse de revenir aux sources d’un musée qui entame sa mue pour de longues années.

« Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hultén », www.grandpalais.fr

Les toiles vibrantes

• Du 12 juin au 7 septembre / Palais de Tokyo – Paris-16e

Vivian Suter (née en 1949), peintre argentino-suisse installée au Guatemala depuis 1983, expose à Paris après une présentation au MAAT de Lisbonne. Inspirées par la nature tropicale, ses toiles vibrantes échappent aux classifications, intégrant éléments naturels et traces accidentelles. Refusant cadres et conventions, Suter propose des installations immersives et libres, témoignant de son lien profond à son environnement et à son histoire familiale.

« Vivian Suter », www.palaisdetokyo.com

Mythologie, art et société

• Du 7 juin au 16 novembre / Musée de Pont-Aven (29)

L’exposition, inspirée par l’essai La Sorcière de Jules Michelet (1862), donne à voir les multiples visages de ces femmes, tour à tour symboles diaboliques ou icônes de rébellion, incarnant la résistance à l’oppression et la connexion à la nature. Le parcours met en avant des œuvres variées, peintures, sculptures, arts graphiques et photographies. L’accent est mis sur la réinterprétation de la sorcière comme figure de pouvoir et d’émancipation.

« Sorcières, 1862-1914 », www.museepontaven.fr

JUILLET

Représenter l’enfance

• Du 10 juillet au 3 novembre / Musée des beaux-arts – Bordeaux (33)

L’exposition, présentée en février au Musée de Tessé du Mans, en partenariat avec le Louvre, explore les rôles et représentations de l’enfance en France entre 1790 et 1850. Dialoguant entre peinture, sculpture et photographie naissante, elle réunit des chefs-d’œuvre de Delacroix, Géricault, Girodet, Ingres, Corot, David ou Daumier, et met en lumière des artistes méconnus, comme Jeanne-Élisabeth Chaudet ou Sophie Feytaud-Tavel ainsi que des œuvres inédites ou peu représentées.

« Sage comme une image, l’enfance dans l’œil des artistes, 1790-1850 », www.musba-bordeaux.fr

SEPTEMBRE

Les papiers de Soulages

• Du 16 septembre au 11 janvier 2026 / Musée du Luxembourg – Paris-6e

Pierre Soulages (1919-2022) a accordé autant d’importance à ses peintures sur papier qu’à ses œuvres sur toile. Dès 1946, il utilise le brou de noix, une matière prisée des ébénistes, marquant les débuts d’un style distinct des autres abstractions de son époque. Ce matériau, avec ses qualités de transparence et d’opacité, offre un contraste saisissant avec le blanc du papier. En 1948, l’une de ses premières œuvres est choisie pour illustrer une exposition itinérante sur la peinture abstraite française, marquant un tournant dans sa reconnaissance. Tout au long de sa carrière, il privilégie aussi l’encre et la gouache, créant des œuvres au format souvent modeste, mais d’une grande intensité formelle. Peu montrées par rapport à ses peintures sur toile, ses œuvres sur papier sont essentielles pour comprendre l’ensemble de sa démarche artistique.

« Pierre Soulages », www.museeduluxembourg.fr

Pierre Bonnard, Affiche publicitaire pour France-Champagne, 1891. © BnF, département des Estampes et de la photographie
Pierre Bonnard, Affiche publicitaire pour France-Champagne, 1891.
© BnF, département des Estampes et de la photographie
Les Nabis et l’estampe

• Du 9 septembre au 11 janvier 2026 / Bibliothèque nationale de France (site Richelieu) – Paris-2e

La BNF explore le rôle méconnu des Nabis dans l’art de l’estampe, avec 200 œuvres issues de ses collections et de prêts prestigieux (Musée d’Orsay, Musée Van Gogh…). Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Félix Vallotton et Maurice Denis, fascinés par l’estampe, y renouvellent l’art de peindre en mêlant gravure, illustration et affiches, permettant de poursuivre leur ambition de mettre la beauté au profit de tous. L’exposition dévoile des dessins préparatoires et des épreuves rares.

« Impressions nabies », www.bnf.fr

OCTOBRE

La galeriste des avant-gardes

• Du 8 octobre au 26 janvier 2026 / Musée de l’Orangerie – Paris-1er

En 1901, Berthe Weill (1865-1951) ouvre une galerie à Paris, devenant une figure clé du soutien aux avant-gardes artistiques malgré des ressources limitées. Avec près de quarante ans d’engagement, elle révèle et accompagne des talents majeurs tels que Picasso, Matisse et Modigliani, organisant pour ce dernier sa seule exposition personnelle de son vivant. Favorisant aussi des artistes méconnus ou des femmes comme Suzanne Valadon, elle se bat contre le conservatisme et la xénophobie, et promeut un art moderne et diversifié. Malgré ses contributions majeures, sa trajectoire reste éclipsée par celle d’autres marchands d’art. L’exposition, coproduite par plusieurs musées internationaux, retrace son rôle dans l’émergence des avant-gardes au XXe siècle, présentant 100 œuvres emblématiques et évoquant les expositions qu’elle a organisées.

« Berthe Weill. Galeriste d’avant-garde », www.musee-orangerie.fr

Le Moyen Âge réinventé

• Du 7 octobre au 11 janvier 2026 / Musée de Cluny – Paris-5e

L’exposition explore la fascination romantique pour le Moyen Âge au XIXe siècle, marquée par des relectures intellectuelles et artistiques de cette période. Au même moment, des créations imaginaires, des copies et des faux apparaissent dans les objets précieux et les arts décoratifs. L’exposition révèle les tensions entre authenticité et modernité, notamment dans les restaurations d’Eugène Viollet-le-Duc, et montre comment l’imaginaire médiéval reflète les enjeux politiques et esthétiques d’une époque.

« Le Moyen Âge du XIXe siècle, créations, copies et faux dans les arts précieux » [titre provisoire], www.musee-moyenage.fr

La figuration politique

• Du 14 octobre au 1er mars 2026 / Musée national Picasso – Paris-3e

Peintre américain de l’école de New York, Philip Guston (1913-1980), influencé par l’expressionnisme abstrait, a créé en 1971 une série de 164 dessins satiriques pour Our Gang de Philip Roth, dénonçant Richard Nixon. L’exposition explore son rapport à la figuration, du réalisme engagé contre le Ku Klux Klan à l’influence de Picasso, notamment Guernica. Guston mêle satire politique et iconographie personnelle dans une œuvre marquée par l’engagement et l’évolution stylistique.

« Philip Guston », www.museepicassoparis.fr

Articuler l’art et le réel

• Du 10 octobre au 25 janvier 2026 / Jeu de paume – Paris-8e

Né en 1962, Luc Delahaye, ancien photoreporter de guerre et ex-membre de l’agence Magnum, a marqué la photographie documentaire en articulant dimension artistique et ancrage dans l’actualité. Depuis les années 2000, il explore les grands formats et les compositions numériques, reflétant le chaos contemporain, de l’Irak à l’Ukraine. La rétrospective parisienne, sa première depuis 2006, présente 40 œuvres, une vidéo et des installations inédites.

« Luc Delahaye », www.jeudepaume.org

La photographie pure

• Du 15 octobre au 25 janvier 2026 / Maison européenne de la photographie – Paris-4e

L’exposition, tirée de la prestigieuse collection du Wilson Centre for Photography, explore l’évolution artistique d’Edward Weston (1886-1958). Elle met en lumière la transition que l’artiste a effectuée en passant d’un style pictorialiste, influencé par des esthétiques asiatiques, orientales et nord-africaines ainsi que par le romantisme du XIXe siècle, à un modernisme précis (« straight photography ») qui a redéfini la photographie au XXe siècle.

« Edward Weston, modernité révélée », www.mep-fr.org

NOVEMBRE

La pluie, source d’inspirations

• Du 7 novembre au 1er mars 2026 / Musée d’arts de Nantes (44)

L’exposition s’inscrit dans une histoire de la sensation, de l’imaginaire et de la représentation plastique de la pluie, qui émerge comme motif artistique depuis la fin du XVIIIe siècle et s’épanouit tout au long du XIXe. L’exposition illustre le rôle de la pluie dans la naissance de l’art moderne, de l’étude scientifique et picturale du peintre Pierre-Henri de Valenciennes à l’approche impressionniste de Claude Monet, célébrée par Guy de Maupassant qui, accompagnant le peintre à Étretat en 1885, raconte : « Il prit à pleines mains une averse abattue sur la mer et la jeta sur la toile. » Divisé en trois parties, le parcours retrace cette fascination picturale et ses liens avec l’émergence des sociétés urbaines. Une installation inédite de l’artiste suisse Zimoun, dans la chapelle de l’Oratoire, établit un pont avec les enjeux climatiques contemporains.

« Sous la pluie, peindre, vivre et rêver », www.museedartsdenantes.nantesmetropole.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°782 du 1 janvier 2025, avec le titre suivant : Les expositions immanquables de l’année 2025

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