Ainsi, l’on peut être photographe et critique, sans passer aux yeux de ses contemporains pour le proverbial empileur de casquettes... A ces titres, Alfred Stieglitz aurait pu se flatter d’ajouter éditeur, galeriste, commissaire d’exposition et pourquoi pas artiste. Considéré comme l’un des fers de lance du mouvement pictorialiste, il s’en démarque assez tôt par son refus du symbolisme, préférant une rigoureuse simplicité, dans les thèmes comme dans les moyens techniques. Stieglitz est un explorateur de son propre médium : il compte parmi les premiers utilisateurs d’appareils de petit format, et travaille la plupart du temps dans des conditions inconnues jusqu’alors, des situations extrêmes, à la recherche d’effets marqués (prises de vue sous une pluie battante, en plein brouillard, ou de nuit, à la lueur d’un lampadaire). Il partage ses découvertes, ses enthousiasmes et ses partis pris, dans les revues qu’il crée : Camera Notes en 1893, puis en 1903 le fameux Camera Work, modèle de tous les magazines du genre. Avec son ami et complice Edward Steichen, il fonde les Little Galleries of Photo-Secession. Sous l’enseigne plus légendaire de « 291 », elles vont exposer jusqu’en 1917 les œuvres croisées de peintres – Picasso, Matisse – et de photographes – Gertrude Käsebier, et surtout l’immense Paul Strand, qui annonce un mouvement plus radical, rompant nettement avec un pictorialisme désormais à bout de souffle. Marié à Georgia O’Keeffe, Stieglitz se consacre alors, après la Première Guerre mondiale, à une photographie plus soucieuse de la forme, et proche de la nouvelle objectivité des artistes européens.
WASHINGTON, National Gallery, jusqu’au 22 avril.
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Les explorations d’Alfred Stieglitz
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°523 du 1 février 2001, avec le titre suivant : Les explorations d’Alfred Stieglitz