Art ancien

Les énigmes des Clouet

François Ier en question au Louvre et à Chantilly

Par Cécile Bouleau · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 467 mots

Beaucoup d’ombres entourent encore la carrière des Clouet, famille de peintres probablement originaire des Flandres. Au Louvre, trente-quatre œuvres sont rassemblées dans une exposition-dossier pour mettre en question la paternité des deux Portraits de François Ier conservés au musée. à Chantilly, une trentaine de dessins et peintures – qui ne peuvent sortir du musée en vertu des conditions de legs du duc d’Aumale – confortent ce propos.

PARIS - Il subsiste peu de renseignements sur les Clouet : Jean (mort en 1540), portraitiste, peintre de François Ier, son frère Polet (mentionné en 1499 et 1527), peintre de Marguerite de Navarre mais dont l’œuvre est totalement inconnue, François (mort en 1572), fils de Jean, qui lui succéda dans sa charge à la cour. Point de départ du dossier, le Portrait de François Ier en buste a été attribué, entre autres, à Jean et à François. Pour tenter de connaître son auteur et sa date d’exécution, Cécile Scaillierez, commissaire de l’exposition, s’est penchée sur la production de Jean, les nombreux portraits du roi, originaux ou dérivés de ces modèles, ainsi que sur des enluminures extraites des Commentaires de la Guerre Gallique ou du Livre du Fort Chandio. Les antécédents français ou étrangers que l’artiste a pu voir sont de même évoqués : le Charles VII de Fouquet, Le dauphin Charles-Orlant de Jean Hey ou Jeanne d’Aragon de Raphaël et Jules Romain. Une superbe effigie de Marguerite d’Angoulême, duchesse d’Alençon, puis reine de Navarre (Liverpool), sœur bien-aimée du roi, très proche de style et de facture du François Ier, est pour la première fois placée à côté de ce dernier. Pourrait-il s’agir d’une œuvre du mystérieux Polet, qui était au service de Marguerite ?

Confrontation inédite
Le second point abordé concerne les portraits équestres du roi. Entre la gouache du Louvre et le panneau de Florence revient la même interrogation. Faut-il reconnaître la main de Jean ou celle de François ? Ici encore, la confrontation, inédite, sera sans doute révélatrice.

L’exposition ne saurait cependant se concevoir sans les dessins et enluminures de Chantilly. L’im­portant frontispice des Histoires de Diodore de Sicile, par exemple, est étudié pour l’occasion. Le Musée Condé possède en effet l’ensemble dessiné le plus conséquent concernant les Clouet : 380 pièces – dont la majeure partie vient probablement du fonds d’atelier – au sein desquelles on compte environ 80 feuilles originales de Jean. Il s’y trouve une étude pour la tête de François 1er en rapport avec le grand portrait du Louvre. En se basant notamment sur cette étude, le dossier tend à montrer que le portrait aurait bien été exécuté par Jean vers 1524-1527.

FRANÇOIS IER PAR CLOUET,jusqu’au 26 août, Musée du Louvre, aile Sully, tlj sauf mardi, 9h-17h15. Catalogue 126 p., éditions RMN, 150 F. environ. Jusqu’au 16 août, Musée Condé, Chantilly, tlj sauf mardi,10h-18h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Les énigmes des Clouet

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