Le titre de l’exposition à Mouans-Sartoux peut se traduire littéralement par : « Ne me laisse pas incompris ».
Renaud Auguste-Dormeuil a raison d’émettre ce souhait en préambule tant son travail peut sembler quelque peu énigmatique au premier abord. Quid de cette structure pyramidale en tasseaux qui accueille le spectateur dans la première salle de l’exposition de Mouans-Sartoux ? Son double est présent au Mamac. Elle est recouverte en son sommet d’une forme noire en tissu brodé de blanc se terminant par deux cônes noirs ? Il apparaît vite que cette présence raffinée et quelque peu morbide a quelque chose à voir avec une tête d’animal. Ce qui est d’ailleurs confirmé dans le petit livret remis au visiteur pour décrypter l’exposition. On y découvre même la photo d’un corbillard de première classe tiré par deux chevaux recouverts de draperies noires. Et il est expliqué que « cette œuvre inscrit dans la salle d’exposition une pratique révolue et suspendue dans le temps et évoque le thème cher à l’artiste de la disparition ». La suite des parcours confirme cette appétence. L’installation Missing (2015) présente quarante duplicatas alignés d’une même photo de classe de l’artiste prise en 1974. Progressivement, les deux enseignants et des enfants disparaissent des clichés, laissant place à une surface étoilée. Ils sont morts. Spin-off, un drone visible au repos à Mouans-Sartoux et arborant en gros une phrase lumineuse : « Le ciel attendra », interviendra ponctuellement dans le ciel de Nice lors d’événements en lien avec le Mamac jusqu’au mois de juin.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : Les énigmes d’Auguste-Dormeuil