À l’abbaye de Maubuisson, ancienne abbaye cistercienne du XIIIe siècle devenue centre d’art contemporain, la sculptrice Rachel Labastie propose une exposition monographique in situ qui croise la mémoire du lieu (l’une des toutes premières abbayes de femmes) avec son histoire personnelle.
Ayant vécu une majeure partie de son enfance dans une secte dite apocalyptique, expérience pour le moins traumatisante, Rachel Labastie crée une œuvre singulière axée sur le thème de l’enfermement, dont le médium principal est la sculpture au feu. Dans cet écrin architectural protecteur qu’est l’abbaye, l’artiste croise le destin de 519 « reléguées de Guyane », ce sont elles Les Éloignées, à savoir des bagnardes françaises déportées par le gouvernement en Guyane entre 1887 et 1905 pour repeupler cette colonie, avec celui d’une communauté de religieuses, les sœurs de l’abbaye de Saint-Joseph de Cluny, contraintes de se transformer en gardiennes de prison pour les surveiller. Au sein du site religieux, Labastie offre au regard un corpus réduit d’objets sculptés et de symboles (bottes, chaînes, médaillons…) jouant sur l’ambiguïté des formes, à la fois séduisantes et dérangeantes. À l’image de cette superbe Entrave de cou réalisée en porcelaine modelée, qui, de loin, fonctionne, via ses pics blancs centrifuges, tel un soleil irradiant, alors qu’en s’approchant, on s’aperçoit qu’il s’agit en fait d’un collier passé aux prisonniers pour qu’ils se prennent dans la végétation en cas d’évasion. Une exposition profondément humaine.
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Les Eloignées, si loin, si proches de Labastie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Les Eloignées, si loin, si proches de Labastie