Voici 700 ans que Dante a écrit la Divine Comédie, cet ouvrage abondamment illustré et commenté au cours des siècles. Entre 1482 et 1495, Botticelli s’est lui aussi attelé à la représentation rigoureuse et fidèle de ce monument de la littérature italienne, jusqu’à abandonner temporairement la peinture. Des dessins vifs, retravaillés à la plume et parfois même repris avec d’éclatantes couleurs, qui constituent un ensemble préparatoire à un probable recueil enluminé, aujourd’hui perdu. Disparus jusqu’au XIXe siècle, ces parchemins sont aujourd’hui réunis pour la première fois à Berlin (l’institution allemande en possède 84 et la Bibliothèque Vaticane de Rome, 7). Ils sont exposés ici avec des œuvres contemporaines de Botticelli et de peintres italiens, ainsi que trois manuscrits illustrés de la Divine Comédie. 120 pièces qui témoignent de l’importance de Dante et de l’extraordinaire créativité de l’art italien. En hissant la peinture au rang de la poésie (le texte qui accompagne l’image est au verso des feuillets), le maître italien a cherché à traduire visuellement le voyage de Dante et Virgile de l’Enfer au Paradis, sans oublier le Purgatoire en combinant la continuité narrative à l’autonomie de chaque représentation. Le style de Botticelli reste aisément reconnaissable avec ses lignes expressives, ses personnages dansants et élancés entourés de tourbillons d’étoffes. Sur les planches puissamment colorées de l’inquiétant Enfer et avec un luxe de détails, il emprunte toutefois au vocabulaire médiéval l’aspect de ses démons menaçants et de Lucifer, dont il effectue un portrait saisissant. Avec la mise en image éblouissante de ce récit de la condition humaine et du cheminement spirituel, Botticelli réussit à établir un lien entre le monde gothique et l’époque moderne de la Renaissance.
BERLIN, Kupferstichkabinett, jusqu’au 18 juin.
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Les divins dessins de Botticelli
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Les divins dessins de Botticelli