Les dits des non-dits

La candidature de Joanna Piotrowska avait été proposée au comité par Michael Mack, éditeur de son premier livre. Diane Dufour a alors « découvert une écriture et un univers visuels sans pareil dans sa manière de questionner les liens sociétaux et politiques actuels ». Après les monographies successives de Joanna Piotrowska réalisées par la Tate Britain, le Kunsthalle de Bâle, les biennales de Lyon et de Venise, l’exposition que le Bal lui consacre éclaire une œuvre méconnue en France. Ce dernier rassemble les séries et les films qui ont contribué à la notoriété de la photographe polonaise de 38 ans, installée à Londres depuis ses études au Royal College of Art. En particulier, la série Frowst de 2013-2014, dont les scènes familiales rejouées reproduisent des gestes d’intimité troublants, imprégnés de significations ambivalentes. La série Frantic, née de la demande de la photographe à ses proches de construire un abri au sein de leur propre foyer, diffuse la même atmosphère sourde d’un danger qui menace. Tout aussi palpable est ce danger dans Self-Defence où des adolescentes prennent des poses issues de manuels d’autodéfense. Toutes les séries de Joanna Piotrowska diffusent une ambiance de tension et de non-dits, y compris la dernière, inédite, réalisée à partir de négatifs des années 1970 de son père et portant sur des événements familiaux en Pologne.