Les détournements de Pippa Garner

Au rez-de-chaussée, nous découvrons les recherches, esthétiques et éthiques, de Claire Pentecost (1956) et l’installation méditative de Marine Froeliger (1987) dans l’espace Degrés Est, tandis que le dernier étage est occupé par le travail graphique d’Adelhyd van Bender (1950-2014), tout entier tourné vers la quête irrationnelle et obsessionnelle d’un secret atomique enfoui dans son corps. Au premier étage est présentée l’exposition principale, la première monographie en France de Pippa Garner, artiste américaine trans née en 1942. Avec son travail multifacette (photographies, objets, vêtements, dessins, etc.), à la fois conceptuel et toujours teinté d’ironie, elle pose depuis la fin des années 1960 un regard acerbe sur la société américaine, empêtrée dans ses normes binaires. Tout, dans son travail, est détournement et dérision : les stéréotypes et injonctions liés au genre, la société de consommation, le mythe de l’entrepreunariat ou encore les objets fétiches comme la voiture. Depuis le début de sa carrière, Pippa Garner est volontairement restée à la lisière du monde de l’art, et son travail a d’abord été diffusé par d’autres biais (magazines de mode ou télévision), ce qui ne rend pas aisée la présentation de son travail. Le Frac Lorraine réussit le pari grâce, notamment, à des feuilles de médiation donnant pour chaque salle des clés pour appréhender la démarche de l’artiste, dont les questionnements sur le genre ou l’écologie sont encore d’une grande actualité.