Les sous-marins plongent, les îles émergent, les icebergs surnagent et les aéronefs prennent leur envol… Non, pas exactement !
Riera i Aragó, artiste catalan né à Barcelone en 1954, n’est pas un sculpteur naturaliste, seul lui importe d’accéder aux territoires insoumis du rêve. Comme si l’homme qu’il est devenu possédait encore cette puissance d’insouciance et d’imaginaire qui donne sa force à l’enfance, alors que chaque chose n’est pas encore définitivement nommée. Pour Riera i Aragó, un sous-marin n’est pas nécessairement un engin sophistiqué qui permet de naviguer au fond des océans, et un avion n’est pas obligatoirement conçu pour voler. Toute ressemblance avec des objets réels ne saurait donc être que fortuite. Un Avion allongé en fer et bois de 76 cm de long évoque éventuellement quelque animal étique, tandis que Les Petits Naufrages, douze sous-marins en bronze aux noms évocateurs (Sous-Marin des abattus, Sous-Marin des solitaires…), se dressent verticalement tels des totems, portés par une énergie qui taraude l’espace avec une sereine violence.
Des milliers de petits sous-marins aux couleurs vives (Colors 2U, 2008), des îles en bronze disposées sur des caissons où affleure une fine pellicule d’eau, des icebergs également en bronze patiné et peints en blanc, de nombreux dessins et des peintures de grand format immergent le spectateur au sein d’un univers chimérique, souvent jubilatoire, où le plaisir occupe une place immense.
Le public ne s’y trompe pas, qui aime revenir plusieurs fois dans les salles des musées de Céret et de Collioure, parfois muni d’un crayon et d’un petit carnet, avec le désir exigeant de tenter de capter quelque chose de ces présences denses et fragiles.
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Les cuirassés de Riera i Aragó
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Abonnez-vous dès 1 €Riera i Aragó, Orange Submarine, 2007, acier, zamak peint et laiton, 122 x 360 x 101 cm, collection particulière. © Photo : Marti Gasull.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°639 du 1 octobre 2011, avec le titre suivant : Les cuirassés de Riera i Aragó