Les Corses et la Grande Guerre

Comme leurs camarades réservistes ou plus âgés des 373e et 116e régiments, ils iront combattre loin de chez eux, dans les plaines de Marne et sur les fronts de Lorraine et de Tunisie. Ils sont près de 53 000 hommes. Un quart d’entre eux ne reviendront pas. L’exposition « Les Corses et la Grande Guerre », présentée à Corte pour le centenaire de 14-18, leur rend hommage. C’est à eux qu’appartiennent les objets montrés dans le parcours, lettres, armes, tenues de combat bleu horizon, pipes, jeux de cartes, douilles d’obus gravées entre deux assauts. La Corse partage le sort des autres départements ruraux, les plus durement touchés par la guerre, sans battre pour autant le record de victimes comme on l’a longtemps cru. Elle se singularise néanmoins par sa situation géographique (insularité qui influe sur le ravitaillement et les permissions) et économique (grande pauvreté à la veille de la guerre). Dans une semi-obscurité dramatique – pas toujours idéale pour lire les textes –, l’exposition déconstruit les mythes (celui des fameux 40 000 morts entretenu par le parti autonomiste), pointe les injustices (poilus corses déclarés déserteurs à cause de liaisons maritimes défectueuses), et réinscrit la période dans une dynamique globale. On nettoie la mémoire de ses scories identitaires. Dessins et huiles de peintres corses (Canniccioni, Peri) compensent la sécheresse des archives, tandis que le quotidien du 173e régiment reprend vie dans la BD Aio Zitelli !, publiée pour l’occasion.