Les corps sous tous les angles

 » En affichant sur un mur cette citation du philosophe Paul B. Preciado, l’exposition collective « L’épreuve des corps », ayant pour commissaires Vincent Honoré et Caroline Chabrand, annonce la couleur : faire corps avec son sujet (la figure humaine, entre présentation et représentation). Dans une scénographie immersive, sur deux niveaux, la proposition fonctionne tel un tout dynamique s’emparant des corps contemporains. Pour ce faire, et en s’appuyant sur l’impressionnante collection de la Turinoise Patrizia Sandretto Re Rebaudengo dont sont issues les œuvres, sont présentées une cinquantaine de pièces créées entre 1977 et 2020, de 28 artistes internationaux (des « stars », Cattelan, Ruff et Sherman, aux artistes plus émergents telle Lynette Yiadom-Boakye). Si cette manifestation se montre rigoureuse dans le choix des œuvres exposées, il se trouve que celles-ci s’avèrent, par moments, de valeur inégale. Ainsi, au sous-sol, l’installation fourre-tout de Thomas Hirschhorn, malgré sa monumentalité surjouant une violence chaotique, ne pèse pas lourd face à la sculpture métonymique de Michael Dean qui, en exposant sensuellement une langue en hauteur, tel un totem élevé à la gloire du langage, en dit beaucoup plus, loin de tout bavardage, sur le corps comme moyen d’expression. Comme quoi, quantité n’est pas qualité. Hormis ce bémol, « L’épreuve des corps », de par son aspect kaléidoscopique s’ouvrant à une diversité bienvenue des points de vue, offre aux visiteurs un examen minutieux tout à fait convaincant du corps humain.