Loin des éclats de voix et de couleurs des toiles de Pierre Bonnard, la peinture d’Édouard Vuillard « parle à voix presque basse, comme il sied pour la confidence » (André Gide). Pour la voir et l’entendre, il faut s’en approcher, elle qui « demande qu’on cligne des yeux, qu’on réduise le jour et qu’on suive sur les couleurs la limite incertaine où se fait, entre l’ange de la clarté et le démon de l’ombre, un départage incessant et délicat, qui intéresse la qualité même des tons » (André Chastel). Tout se joue sur le mode de l’émotion directement mais subtilement transmise, donc de la proximité et de l’intimité. Depuis les recherches menées au sein du groupe des Nabis et tendant vers un nouvel espace pictural, une expression synthétique, une déformation objective et subjective empreinte de symbolisme, jusqu’aux portraits mondains des grandes fortunes de la bourgeoisie libérale du début du siècle que Vuillard détaille avec un regard à la fois clinique et amoureux évoquant celui de Marcel Proust. Peintre d’intérieurs ou de la nature domestiquée des jardins publics, Vuillard travaille sur des lumières douces, des contre-jours et des ombrages qui forcent le regard ; et peu à peu, il s’accommode, distingue les masses, les nuances, et retisse les liens entre les êtres, les objets et l’espace.
SAINT-TROPEZ, Musée de l’Annonciade, 2 juillet-2 octobre.
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Les conversations feutrées d’Édouard Vuillard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Les conversations feutrées d’Édouard Vuillard