La biographie de Tracey Emin, artiste anglaise de 37 ans, ferait une couverture alléchante de Détective. Abusée par son beau-père, violée à 13 ans et traumatisée par des avortements successifs, il n’en fallait pas moins pour élever cette femme au rang d’héroïne de la génération numérique. Autant d’éléments personnels qui viennent nourrir la vie performative et autofictionnelle de Tracey Emin, icône chic et trash de la déjà académique nouvelle vague anglaise (Richard Billingham et Damien Hirst, pour ne citer qu’eux). Revendiquant un art-confession, elle délivre toutes les facettes d’une adolescence déjantée et combative, dans laquelle un public jeune et rebelle se reconnaîtrait. D’une tente brodée des noms de tous ceux avec qui elle a dormi entre 1963 et 1995 à une cabane de plage-refuge, elle jette son intimité au visage d’un spectateur partagé entre voyeurisme et écœurement. Un malaise qui atteint justement son paroxysme dans My Bed, avec lequel elle avait toutes les chances de remporter le prestigieux Turner Price. Écarté in extremis par l’autrement talentueux Steve MacQueen (L’Œil n°513), le lit souillé de divers flux corporels est depuis devenu une pièce culte. Récemment acquis par le publicitaire et amateur d’art Charles Saatchi, My Bed cristallise la dimension ego maniaque d’une femme dont l’œuvre entière est basée sur sa seule personne.
LONDRES, Saatchi Gallery, jusqu’au 26 novembre.
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Les confessions trash de Tracey Emin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Les confessions trash de Tracey Emin