Doublement lauréate des prix CCF et Altadis, la photographe Valérie Belin voit enfin son talent récompensé.
Définissant son travail comme « une tentative obsessionnelle d’appropriation du réel », son œuvre se décline en somptueux miroirs vénitiens, épaves de voitures, viandes, fleurs diaphanes, avec pour constante des camaïeux de blanc et de noir où règnent lumière et transparence. Poursuivant son travail sur le corps, présent jusqu’ici de manière métaphorique, elle s’essaye aujourd’hui à sa réalité la plus paroxystique. Des bodybuilders, saisis sur les lieux de leurs compétitions, arborent fièrement un corps hypertrophié par l’excès de musculation. Bien loin du portrait, la prise de vue souligne l’aliénation d’un être, étranger à lui-même, éclipsé par l’outrance de son enveloppe corporelle. Les jeux des reflets, des miroitements de ces corps que l’on croirait de bronze sont dans la continuité des travaux antérieurs de l’artiste sur le verre ou le métal. Pour l’Aquarium, le format adopté a été défini en fonction de l’espace. Trois photographies en noir et blanc de très grand format, 5 x 4 m, renforcent l’aspect imposant de ces colosses contemporains. L’artiste désireuse de sortir du tirage photographique traditionnel, s’est tournée vers de nouveaux supports. Chaque photo est fractionnée en 195 feuilles A3 épinglées sur les murs, ce qui donne à l’installation un côté très visuel, à la fois imposant et précaire. Une allusion à une possible chute. Un clin d’œil, le temps d’une exposition, aux géants de Giulio Romano qui ornent depuis la Renaissance le Palazzo del Te à Mantoue.
VALENCIENNES, École des Beaux-Arts, L’Aquarium, jusqu’au 12 décembre.
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Les colosses d’airain de Valérie Belin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°521 du 1 novembre 2000, avec le titre suivant : Les colosses d’airain de Valérie Belin