Pour fêter les 40 ans de la Collection de l’art brut de Lausanne, la Fabuloserie organise à Dicy,
une exposition en écho à celle qu’avait montée Alain Bourbonnais en 1976 à l’Atelier Jacob.
DICY - Quand Alain Bourbonnais, le futur créateur de la Fabuloserie (Yonne), apprend en lisant Le Monde, en septembre 1971, que la Collection d’art brut de Dubuffet quitte la France pour s’installer à Lausanne, scandalisé, il écrit à son propriétaire pour solliciter une visite avant son départ. C’est à l’automne 1971, lors de la rencontre entre les deux hommes, que naît l’idée d’ouvrir, à Paris, un lieu destiné à suppléer au départ en Suisse de cet important ensemble. « J’applaudis très fort », écrit Dubuffet à Bourbonnais, le 6 novembre 1971, pour manifester son soutien à la création de cette galerie qui ouvrira ses portes en septembre 1972, rue Jacob.
Deux collections très liées
Il en profite pour lui envoyer une liste de trente-cinq artistes d’art brut vivants avec lesquels rentrer en contact et lui prêtera, quelques mois plus tard, un ensemble d’œuvres d’Aloïse pour l’exposition inaugurale de l’Atelier Jacob, à Paris. Renvoi d’ascenseur ? Au moment de l’inauguration de la Collection de l’art brut à Lausanne, en février 1976, Alain Bourbonnais organise une exposition dans les murs de l’Atelier Jacob, du 2 mars au 30 avril, pour fêter l’art brut. « Ratier, Podesta, Stricanne, Lortet sont à Paris comme à Lausanne. Ça vaut le coup. Venez manger des crêpes et des merveilles », griffonne Michel Ragon, en 1976, sur la carte postale qui tient lieu de carton d’invitation.
C’est en guise de clin d’œil à cette exposition inaugurée le 2 mars 1976, le jour du Carnaval, que La Fabuloserie a ouvert début juin à Dicy, à l’occasion des célébrations des 40 ans de la Collection de l’art brut, une petite exposition réunissant les artistes montrés alors à l’Atelier Jacob. Quelques photos de l’Atelier Jacob voisinent avec des œuvres mystiques de Podesta accrochées sur les cimaises non loin d’un manège et d’une tour Eiffel de Ratier, de bourrages de Francis Marshall et d’animaux en ceps de vignes de l’ancien marin René Guivarch. Plusieurs de ces artistes tels Léna Vandrey, Pascal Verbena ou Michel Nedjar qui ont été découverts par Bourbonnais rejoindront par la suite la Collection de Dubuffet à Lausanne. Les deux hommes ont échangé près de 110 lettres pendant dix ans. Un livre, Collectionner l’art brut, qui sera publié au mois de novembre chez Albin Michel, rendra compte de ces liens épistolaires. Il permettra d’en savoir plus sur les relations de complicité qu’entretenaient le créateur de « L’Hourloupe » et celui des Turbulents et autres Grattes-Culs.
Sophie Bourbonnais, codirectrice de la « maison-musée » de Dicy, présente sa programmation.
Qu’allez-vous montrer à La Fabuloserie Paris dont vous venez d’ouvrir les portes, début juin rue Jacob ? Dans un premier temps, cet été et cet automne, nous allons montrer la même exposition en forme de clin d’œil aux célébrations des 40 ans de la Collection de l’art brut que celle qui se tient actuellement à Dicy. Par la suite, les visiteurs pourront y admirer une sélection des artistes de la Fabuloserie. Nous allons installer un écran plat sur lequel nous diffuserons des photos de la Fabuloserie afin de donner envie aux gens de s’y rendre.
Pourquoi n’avez-vous n’avez pas essayé de reconstituer, à Dicy et à Paris, l’exposition qui eut lieu du 2 mars au 30 avril 1976 à l’Atelier Jacob telle qu’elle était ? Ce n’était pas possible ; des pièces ont été vendues entre-temps. Nous avons perdu la trace de certaines qui ne nous appartenaient pas. Mais, nous avons repris les mêmes créateurs que ceux qui figuraient dans l’exposition de 1976.
Continuez-vous d’enrichir la collection ? Nous continuons de la faire vivre. Nous achetons et recevons des dons. Jill Galliéni, par exemple, nous a donné de grandes poupées, Jean-Christophe Philippi des dessins.
Quelle sera votre prochaine exposition temporaire ? En 2017, nous allons présenter les œuvres réunies par un collectionneur d’art brut polonais, Andrzej Kwasiborski, que nous confronterons à notre propre collection.
La Fabuloserie Paris, 52, rue Jacob, 75 006 Paris, tél. 01 42 60 84 23, mercredi-samedi, 14h-19h.
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Les clins d’œil de Bourbonnais à Dubuffet
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Abonnez-vous dès 1 €jusqu’au 2 novembre, La Fabuloserie, 1, rue des canes, 89120 Dicy, www.fabuloserie.com, tél. 03 86 63 64 21 ; jusqu’au 30 juin samedi, dimanche et jours fériés 14h-19h ; 1er juillet-31 août tlj 14h-19h ; 1er septembre-2 novembre samedi, dimanche et jours fériés 14h-19h.
Légende Photo :
Le Jardin habiteÌ de La Fabuloserie. © Photo : Jean-François Hamon.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°460 du 24 juin 2016, avec le titre suivant : Les clins d’œil de Bourbonnais à Dubuffet