GIVERNY - Institution privée à taille humaine, dotée d’un musée aux collections exceptionnelles et d’un centre de recherche et d’étude en arts plastiques, le Sterling and Francine Clark Art Institute (Williamstown, Massachusetts) est de ces lieux chéris des historiens de l’art dont les Américains sont spécialistes.
Engagé dans une nouvelle campagne de rénovation plus de cinquante après sa création, le Clark a choisi de faire voyager une sélection de ses plus beaux tableaux français du XIXe siècle, le long d’un vaste parcours international dans lequel s’inscrit le Musée des impressionnismes de Giverny (Eure).
Un regard décloisonné
Recueillant cet ensemble de soixante-treize tableaux, la directrice des lieux, Marina Ferretti-Bocquillon, en a enfilé les perles pour réaliser une scénographie classique en trois temps (le Salon, l’impressionnisme, le postimpressionnisme), auquel s’ajoute une salle retraçant l’histoire de ce couple de collectionneurs au flair confirmé. Prototype du millionnaire américain au tournant du XXe siècle, Sterling Clark était l’un des héritiers des machines à coudre Singer, et son épouse, Francine, une comédienne française qu’il avait rencontrée à Paris au début des années 1910. La collectionnite aiguë était atavique chez Sterling. Tableaux, sculptures, argenterie, céramique…, celui-ci se fiait à son propre goût et n’a accordé sa confiance qu’à de rares galeries, parmi lesquelles Knoedler et Durand-Ruel.
Après de premiers choix conservateurs, les peintres français, qu’ils fussent avant-gardistes (Monet, Pissarro, Sisley), académiques (Bouguereau, Gérôme) ou à la clientèle bourgeoise (Tissot, Stevens, Boldoni), ont gagné les faveurs du collectionneur. Ce décloisonnement fait tout le charme et l’intérêt d’une visite à Giverny, où l’on retrouve aussi 21 des 38 tableaux de l’idole de Sterling, Pierre Auguste Renoir, dont on retiendra le Portrait de Madame Monet (v. 1874), un autoportrait de jeunesse et Une loge au théâtre (1880). Notons avec une légère pointe de regret que la sélection n’est pas le reflet exact du goût si arrêté des époux (Van Gogh et Cézanne n’avaient pas retenu leur attention). Sont ainsi présentés plusieurs tableaux acquis après leur mort, parmi lesquels figurent toutefois deux achats judicieux : Femmes au chien (1891), de Pierre Bonnard, et Jeune Chrétienne (1894), de Paul Gauguin, témoins du dynamisme de l’institution.
jusqu’au 31 octobre, Musée des impressionnismes-Giverny, 99, rue Claude-Monet, 27620 Giverny, tél. 02 32 51 94 65, www.museedesimpressionnismesgiverny.com, tlj 10h-18h. Catalogue, éd. Skira, 240 p., 131 ill., 39 euros, ISBN 978-0931102-95-0.
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Les Clark, le goût
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Abonnez-vous dès 1 €Commissaire : Marina Ferretti-Bocquillon, directrice scientifique et conservatrice du musée
Œuvres : 73 tableaux
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°353 du 23 septembre 2011, avec le titre suivant : Les Clark, le goût