Exposition

Les Sables-d’Olonne (85)

Les chemins de l’abstraction

Musée de l’abbaye Sainte-Croix Jusqu’au 17 mai 2015

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 19 mars 2015 - 330 mots

Puiser dans les riches collections d’art abstrait du Musée des beaux-arts de Nantes en travaux pour une exposition hors les murs était une belle opportunité pour l’abbaye Sainte-Croix.

À travers une trentaine d’œuvres, le musée propose une lecture simple de cette période des plus passionnantes et des plus complexes que furent l’émergence et le développement de l’abstraction au XXe siècle. Pour mémoire, c’est vers les années 1910 que se développent les différentes tendances abstraites parmi les mouvements d’avant-garde, héritiers du symbolisme et du fauvisme. Deux abstractions picturales émaneront de cette double matrice formelle : la première, expressionniste et lyrique, met en avant le geste et l’intériorité de l’artiste. Cet art « pur » et « spirituel » qu’appellent les théories de son fondateur,  Kandinsky, atteint son apogée vers 1913 avec Kupka, Delaunay et Klee. Il s’affirmera dans l’écriture gestuelle de Hartung, Bryen, Atlan, Riopelle, Schneider et débouchera vers de nouveaux procédés. La seconde, rationnelle et géométrique, connaît une évolution décisive vers 1915  à travers ses pères fondateurs, Mondrian et Malevitch. En France, elle sera poursuivie à partir de 1931 par le groupe Abstraction-Création avec Kupka, Herbin, Jean Gorin, Magnelli, puis par Vasarely. L’exposition suit un axe formel et chronologique, découpé en trois périodes que l’on peut parcourir indifféremment dans les deux sens : elle s’ouvre avec les premiers développements de l’abstraction d’avant-guerre et se poursuit après guerre, alors que les deux visions de l’abstraction que l’on allait appeler abstraction chaude (lyrique) par opposition à l’abstraction froide (géométrique) s’affrontent. La troisième partie fait place à l’époque plus contemporaine de l’abstraction, la couleur d’Olivier Debré, l’abstraction gestuelle de Joan Mitchell ou Soulages, la bipolarité gestuelle et géométrique d’Alain Séchas, l’aléatoire avec Morellet, Hantaï ou Frize. Elle se termine par une œuvre hypnotique – visible/invisible – d’Anish Kapoor, qui synthétise toutes les problématiques de l’abstraction. Si le choix des œuvres est judicieux et précis, et le parcours jubilatoire, l’adjonction de cartels explicatifs pour certaines œuvres pourrait contribuer à une meilleure compréhension de l’histoire.

« Les chemins de l’abstraction. De Kandinsky à Kapoor », Musée de l’abbaye Sainte-Croix, rue de Verdun, Les Sables-d’Olonne (85), www.lemasc.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : Les chemins de l’abstraction

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