Pour évoquer la Renaissance italienne, la cité phocéenne expose les dessins entrés dans ses collections en 2004 grâce au mécénat de Carrefour aux cotés d’œuvres de son fonds graphique.
MARSEILLE - En mai 2004, grâce au mécénat du groupe Carrefour, l’État s’était porté acquéreur d’un lot de cent trente dessins issus de la collection Bestégui (lire le JdA no 206, 7 janvier 2005, p. 16). Exceptionnel à bien des égards, cet ensemble représentatif de l’art italien de la Renaissance et du
premier âge baroque (XVIe-XVIIe siècles) fut ensuite réparti entre différents musées français : le Louvre, le Palais des beaux-arts de Lille, les musées des beaux-arts d’Orléans, de Rennes et de Toulouse, ainsi que celui de Marseille. Ce dernier expose aujourd’hui les vingt et une feuilles dont il a hérité, précieux témoignages des écoles florentines et siennoises du XVIe siècles. Les œuvres sont signées Allesandro Allori (1537-1607), Baccio Bandinelli (1493-1560), Francesco Salviati (1510-1563), Giorgio Vasari Arezzo (1511-1574), Baldassare Tommaso Peruzzi (1481-1536), Antonio Bazzi dit « il Sodoma » (1477-1549) ou Francesco Vanni (1580/82-1610). Ces artistes ont laissé derrière eux des études et des modèles d’une grande force. Ainsi de La Crucifixion de Fra Bartolomeo (1473-1517), peintre entré dans les ordres en 1500, grand interprète de l’idéal religieux et contemporain de Michel-Ange. L’auteur du décor de la chapelle Sixtine, au Vatican, exerça une influence décisive et une réelle fascination sur les artistes de son époque et de la génération suivante, comme le montre La Piéta de Giovanni Battista Naldini (1537-1591), étude préparatoire pour la fresque peinte au-dessus du tombeau de Michel-Ange. Analysées dans leurs moindres détails, les œuvres de ce dernier participèrent à l’avènement du maniérisme, ici très bien représenté par les dessins de Salviati.
Un fonds italien
Les vingt et une feuilles fraîchement arrivées à Marseille sont confrontées aux dessins italiens de la collection du musée. Ce fonds d’arts graphiques fut constitué dès 1869 autour de pièces telles La Circoncision de Trotti ou Les Anges du Cavalier d’Arpin. Différentes donations permirent ensuite de l’étoffer, notamment l’important legs Jules Cantini, en 1917, qui fit entrer au musée les deux Giandomenico Tiepolo. Depuis l’aménagement du cabinet des dessins en 1988, le Musée des beaux-arts de Marseille enrichit régulièrement son fonds italien, avec des acquisitions de dessins signés Vanni, Ludovico Cigoli, Pietro Testa ou Palma le Jeune, et, plus récemment, une délicate Tête de femme attribuée à Timoteo Vitti. Le visiteur pourra également découvrir la collection Maurice Feuillet. Journaliste, critique d’art, peintre et dessinateur, ce dernier constitua entre 1910 et 1930 un ensemble important où dominent les paysages, scènes de genre et portraits, avec, comme période de prédilection, le XVIIIe siècle. Outre les trois feuilles de Giambattista et Giandomenico Tiepolo, l’Italie de cette époque est surtout évoquée à travers la vision qu’en livraient des maîtres français tels Hubert Robert et Fragonard.
Cette promenade italienne se poursuivra dans les mois à venir aux musées d’Orléans, de Rennes, Lille et Toulouse, qui exposeront à leur tour les dessins italiens reçus en 2004.
Jusqu’au 2 avril, organisée par le Musée des beaux-arts, Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, 13002 Marseille, tél. 04 91 14 59 18, tlj sauf lundi et jours fériés, 10h-17h. Catalogue, De la Renaissance à l’âge baroque ; une collection de dessins italiens pour les Musées de France, RMN, 176 p., 30 euros, ISBN 2-7118-4975-9.
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Les belles feuilles de Marseille
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Abonnez-vous dès 1 €- Mécénat du groupe Carrefour (2004) : 11,33 millions d’euros - Nombre total de dessins italiens acquis : 150 - Dessins attribués à Marseille : 21 - Nombre de dessins exposés à Marseille : 103
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°229 du 20 janvier 2006, avec le titre suivant : Les belles feuilles de Marseille