L’exposition consacrée à ce grand maître de la peinture néerlandaise replace son œuvre, réduit à un faible nombre de peintures conservées, dans son contexte de création.
Amsterdam. L’exposition du Rijksmuseum mettant Johan Maelwael (Jean Malouel dans sa version francisée) à l’affiche ne peut qu’attiser la curiosité. Car l’artiste, dont le nom signifie « qui peint bien », est important : Maelwael (1370-1415) est en effet connu comme un des premiers grands maîtres de la peinture néerlandaise et française. Les œuvres qui lui sont attribuées sont en outre très peu nombreuses. Les peintures religieuses, miniatures, bannières ou étoffes peintes par le maître selon les archives n’ont pour l’essentiel pas supporté le passage du temps. Et les attributions sont à manier au conditionnel. « Aucune œuvre conservée ne peut être attribuée de manière certaine à Maelwael à l’exception de la polychromie du Puits de Moïse sculpté par Claus Sluter », explique Dominique Thiébaut, conservatrice générale au département des Peintures du Louvre, dans le catalogue. Parmi les trois tableaux qu’on rattache aujourd’hui à Maelwael, il n’était pas question pour le Louvre de prêter le Christ de Pitié (vers 1410) acquis en 2012, jugé trop fragile. La Vierge aux papillons de la Gemäldegalerie de Berlin (vers 1415), dont la paternité oscille entre Maelwael et son élève Henri Bellechose, a quant à elle fait le voyage à Amsterdam. Surtout, le Louvre s’est délesté de l’un de ses chefs-d’œuvre, la Grande Pietà ronde, qui n’avait pas voyagé depuis une exposition à Vienne en 1962. Incontestablement, ce tondo – fameux par sa virtuosité technique, son iconographie inhabituelle (un Christ soutenu par Dieu et le Saint-Esprit) et son influent commanditaire (le panneau est frappé des armes de Philippe le Hardi) – est la pièce maîtresse de la manifestation, qui se propose d’étudier le contexte de production artistique entourant Maelwael.
L’exposition qui explore l’entourage de Maelwael fait la part belle à Jean de Beaumetz et Henri Bellechose – autres grands producteurs de Christ endoloris sur fonds dorés très en vogue à Dijon – qui furent respectivement prédécesseur et successeur du peintre de Nimègue au duché bourguignon. Elle questionne également l’influence de Maelwael sur ses trois célèbres neveux, les frères de Limbourg. Ceux-ci ont probablement été introduits en France par leur oncle comme peintres de miniatures. Et ils ont probablement assimilé l’œuvre de Maelwael, comme le montre la présentation de l’enluminure figurant une Lamentation du Christ (vers 1405-1408, Metropolitan museum of art) issue des Belles Heures du duc de Berry. Le corps du Christ brossé sur cette œuvre offre des similitudes frappantes avec celui de la Grande Pieta ronde, auprès de laquelle elle est placée au sein du parcours. L’exposition qui convoque une cinquantaine de prêts prestigieux – émanant des collections du Prado, de la National Gallery de Washington ou de la Frick Collection – a le mérite de mettre les œuvres parfaitement en valeur. Irréprochable par son accrochage sobre et aéré, son éclairage parfaitement maîtrisé et ses vitrines ne diffusant aucun reflet, elle offre un agréable moment de déambulation parmi les œuvres et de délectation pour les yeux.
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Les beaux vestiges du virtuose Jean Malouel
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Abonnez-vous dès 1 €La Grande Pietà ronde, Johan Maelwael cirac 1400 © 2009 Musée du Louvre - Photo Erich Lessing
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°488 du 3 novembre 2017, avec le titre suivant : Les beaux vestiges du virtuose Jean Malouel