Les Balzac de Rodin

PARIS - En 1891, sur les conseils d’Émile Zola, la Société des gens de lettres commande à Rodin un monument à la mémoire de Balzac. Lorsque le sculpteur expose son plâtre définitif au Salon de 1898, l’opinion se déchaîne contre cette œuvre massive et dépouillée, et le commanditaire la refuse. Entre ces deux dates, sept années de recherches intenses dont l’exposition permet de mesurer l’importance. Après une section où sont rassemblés les documents dont Rodin s’est inspiré – tels le contretype de Nadar et le célèbre portrait peint par Boulanger –, le visiteur découvre une longue galerie d’études modelées et dessinées, articulée en quatre étapes chronologiques qui aboutissent au Balzac définitif.

Travaillant séparément le visage, le nu et les drapés, le sculpteur se livre à d’inlassables exercices de moulage, de remodelage et d’assemblage, qui donnent naissance à autant de versions cousines. Le parcours signale soigneusement ces filiations, reprises sous la forme d’un arbre généalogique dans le catalogue.

Une dernière partie évoque la postérité du Balzac, raillé par les caricaturistes réactionnaires – qui rapprochent ce scandale esthétique de l’affaire Dreyfus –, puis redécouvert grâce à une série de photographies de Steichen. Il faudra attendre 1939 pour que ce bronze fondateur de la modernité soit enfin inauguré.