Les Babouins de Louxor

C’est l’achèvement d’une épopée initiée sept ans auparavant. En 1829, Jean-François Champollion a en effet obtenu pour la France un présent monumental – les deux obélisques de Louxor et le groupe sculpté des babouins qui les accompagne – du pacha Méhémet Ali, qui témoignait ainsi de sa gratitude pour les découvertes du déchiffreur des hiéroglyphes. Au cours de l’été 1830, l’Arsenal de Toulon a lancé un chantier pour construire un navire hors du commun, Le Louxor, capable d’accueillir et de transporter par voie fluviale et maritime un monolithe de granit de 23 m de long et de plus de 220 tonnes, accompagné de ses quatre babouins spectaculaires, dont le poids atteint 5,7 tonnes. La construction de cette péniche à fond plat et proue amovible durera cinq ans, avant que l’obélisque ne puisse enfin rejoindre Paris. Tout est bien qui finit bien ? Certes… Mais voilà que, lorsque l’obélisque occidental du temple de Louxor (le second restera finalement en Égypte) est enfin présenté à l’admiration des Français… point de Babouins. Et pour cause : ces derniers ont été immédiatement enfermés au Louvre pour éviter que leurs attributs virils exposés à la vue de tous place de la Concorde ne troublent l’ordre public ! Aujourd’hui, ils sont l’un des plus beaux chefs-d’œuvre du Louvre-Lens, qui en compte un certain nombre. Dans la Galerie du temps, portant chacun à son cou un pectoral au nom de Ramsès II, que l’on retrouve dans les cartouches gravés qui les séparent, les quatre babouins continuent de se dresser et de lever leurs pattes au lever du soleil, dans un geste de vénération de l’astre – même si l’obélisque qui les surmontait pour matérialiser un rayon solaire se trouve désormais à quelque deux cents kilomètres !