musée

Les audaces de Blanc et Demilly

L'ŒIL

Le 1 juillet 2000 - 252 mots

Souvent, hélas, l’histoire de la photographie en France s’est contentée d’étudier les photographes déjà immortalisés dans les canoniques ouvrages consacrés à l’évolution de ce médium. Or, ces dernières années, nombre de chercheurs ont soudain révélé toute la créativité de personnages considérés initialement comme mineurs et qui avaient pour tout défaut de n’avoir pas exercé à Paris. C’est notamment le cas de Blanc et Demilly qui pendant près de cinquante ans ont animé un studio à Lyon. Reconnus pour leurs portraits à la facture parfaite, ces deux beaux-frères ont aussi produit un grand nombre de vues de la capitale des Canuts. C’est justement à cette partie de l’œuvre, réalisée le plus souvent dans les années 30, que Beaubourg consacre une petite exposition. Les vues se caractérisent par une certaine méfiance envers tous les courants parisiens. Chez eux nulle trace de cet humanisme alors en vigueur dans le milieu hongrois. Au contraire, avec rigueur et objectivité, Blanc et Demilly produisent des photographies présentant sous divers angles une cité ballottée par les deux fleuves qui l’enserrent. Aux prises de vue audacieuses succèdent des compositions plus fluides où la lumière intervient non pas en tant que simple figurant mais comme le thème même d’une déambulation souvent mélancolique. Sous le regard de ces deux hommes, Lyon prend soudain de nombreux visages pour le moins étonnants. Autrefois publiées dans un petit ouvrage aujourd’hui introuvable, ces œuvres révèlent une fois encore combien l’histoire de la photographie française est riche d’auteurs singuliers.

PARIS, Musée national d’Art moderne, jusqu’au 18 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Les audaces de Blanc et Demilly

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