« Des marches, démarches » clôture une vaste manifestation culturelle portée depuis deux ans par le Frac et réalisée avec plus de soixante-dix partenaires culturels, éducatifs et associatifs.
Pensé comme un dialogue interrégional, ce projet a impulsé des expositions, workshops, performances et événements à l’échelle du territoire régional. Réunissant plus de quatre-vingts œuvres provenant de collections publiques et privées et occupant l’intégralité de l’espace du Frac, cette exposition inédite a été réalisée par Guillaume Monsaingeon, chercheur, philosophe et commissaire indépendant. Elle entend appréhender la marche au sens large, à la fois comme pratique sociale et anthropologique, activité sportive et de loisir, nécessité, itinérance, flânerie ou contrainte. Pensée comme une véritable démarche artistique, la marche est abordée par nombre d’artistes, dans divers médiums – de la peinture à la performance, en passant par la sculpture ou le land art. Ainsi sont présentés des chronophotographies d’Étienne-Jules Marey et des dispositifs d’Abraham Poincheval, mais également des œuvres anonymes et des panneaux de signalétique routière. Le visiteur est invité à suivre des chemins tracés au sol, dont il peut se détacher à sa guise. Il s’agit de proposer une expérience de marcheur à travers un parcours pensé comme une déambulation et structuré en quatre plateaux, correspondant aux quatre niveaux du bâtiment de Kengo Kuma. L’exposition, riche et trop dense, est inégale. Si le premier plateau permet d’appréhender l’enjeu de l’exposition avec des œuvres historiques (Eadweard Muybridge, Richard Long) entrant en dialogue avec des propositions récentes – on retiendra notamment les deux vidéos de l’artiste néerlandaise Paulien Oltheten –, le deuxième plateau est moins convaincant, regroupant des œuvres au processus parfois complexe qui échouent à entrer en écho. Le visiteur, submergé par ce trop-plein, pourra, malheureusement, ne pas prendre le temps d’explorer, au troisième plateau, les impressionnantes archives de Stalker, collectif italien qui pratique la marche urbaine depuis trente ans.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : Les artistes à pied d’œuvre