Il y a exactement cinquante ans, les archéologues mettaient au jour la tombe de la Dame de Vix, en Bourgogne. Son extraordinaire mobilier, composé de massifs bijoux en or et du plus grand vase grec jamais découvert, allait fasciner l’opinion. Sans rivaliser en splendeur, les deux tombes à char féminines de Diarville, en Meurthe-et-Moselle, qui forment le cœur de l’exposition « Tombes à char, princesses celtes en Lorraine », appartiennent à la même civilisation. Découvertes au pied de la colline de Sion chère à Maurice Barrès, ces sépultures sous tumulus ont été fouillées de 1988 à 1999, sous la direction de Laurent Olivier, conservateur au musée des Antiquités nationales. La bonne idée est d’avoir présenté les chars en situation de fouille sur un lit de sable, le visiteur pouvant confronter cette réalité archéologique à la reconstitution proposée sous la forme d’une maquette et d’images de synthèse. Apparus dans les tombes en Bavière au tout début du premier âge du fer (VIIIe siècle av. J.-C.), les chars ne se répandent à l’ouest du Rhin qu’au VIe siècle. Attribut du pouvoir pour les princes celtiques, ce véhicule est d’abord réservé aux hommes, comme l’indique le mobilier funéraire de Marainville-sur-Madon, dans les Vosges. Celui-ci comporte notamment un rare pommeau d’épée en ivoire et ambre, qui atteste la vigueur des échanges et la situation stratégique de la région, entre Méditerranée et Baltique. Faut-il interpréter l’extension aux femmes du privilège d’être inhumées avec un char comme le signe d’un enrichissement accru de la classe dominante ou comme l’ascendant exercé par les femmes dans l’exercice du pouvoir ? La première hypothèse reste la plus vraisemblable. L’exposition propose par ailleurs une interprétation intéressante de la magnificence de ces sépultures aristocratiques : l’excès de richesses, ou plutôt de concentration de ses richesses, dont témoignent les tombes à char de la fin du vie siècle, constitue le prélude à l’effondrement d’une société minée par l’accroissement vertigineux des inégalités. La leçon mérite d’être entendue.
« Tombes à char, princesses celtes en Lorraine », SAINT-GERMAIN-EN-LAYE (78), musée des Antiquités nationales, château de Saint-Germain, tél. 01 39 10 13 00, 4 avril-29 septembre
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les Aristo-Celtes
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Les Aristo-Celtes