Les 50 glorieuses de la céramique contemporaine

Comment se porte la céramique contemporaine française ? Bien répondraient de concert le Musée national de céramique et la Manufacture de Sèvres. Tous deux ont à promouvoir la création vivante : le musée par les acquisitions qu’il peut effectuer depuis seulement vingt-cinq ans, la manufacture par la mise en place des résidences d’artistes.
En sélectionnant soixante artistes, le musée fait aujourd’hui le point sur ces cinquante dernières années et démontre qu’elles ont été mues par un grand dynamisme et constituent un âge d’or. Deux traditions s’opposent : la faïence à laquelle Picasso redonne un nouvel élan après-guerre à Vallauris et le grès (sauvage ou émaillé) traité dans la tradition japonaise. La faïence (argile façonnée que l’on plonge dans un bain d’émail) s’épanouit dans le sud de la France dans les pas de Picasso. Elle se prête au dessin, à la couleur, mais l’éclat qui lui est propre est estompé sous l’effet de la mode qui, dans les années soixante, commence à lui préférer celui du grès : Gilbert Portanier, Jean Derval, Jean-Paul Van Lith sont les magiciens de cette technique soumettant les formes à de grandes subtilités plastiques.
La Mecque du grès est La Borgne dans le Cher, où ont travaillé Élisabeth Joulia, Jean et Jacqueline Lerat, Jacqueline Bouvet... Mélange d’argile et de sable subissant une vitrification lors de la cuisson à 1 200 degrés, le grès est rustique et le reflet d’un « goût tenace pour le sinistre », que certains vont assouplir à la manière de l’ange de Jean Linard ou de cette femme en S de Michèle Raymond. Les années 1980 vont voir s’imposer le raku, d’origine japonaise. Quel nouveau vent soufflera sur la céramique française dans les années à venir ? À suivre de près à Sèvres.