PARIS
Dans le cadre du centenaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon, le Musée des arts décoratifs (MAD) crée l’événement avec une exposition pléthorique regroupant près de mille quatre cents œuvres : arts graphiques, design, mode, photographies, couvrant la période 1867-2018.
L’année 1867 marque l’entrée de l’archipel dans l’ère Meiji (« lumière »), un règne particulièrement éclatant qui a vu la naissance du Japon moderne et la transformation radicale de sa culture, aussi bien dans le domaine linguistique et littéraire que technique et artistique. Dans une scénographie qui peine à contenir, tant certaines vitrines débordent d’œuvres – superbes – de toutes sortes, et un parcours thématique parfois décousu, l’exposition s’ouvre sur les « acteurs de la découverte de l’art japonais » : les expositions universelles dans leur rôle de transmission de cette culture, les collectionneurs et marchands, à l’instar d’Henri Cernuschi, Émile Guimet ou Siegfried Bing dans la diffusion d’une grande variété d’objets à travers toute l’Europe (porcelaines ornées de feuilles de bambou, éventails délicats, faïences, textiles soyeux, estampes d’Hokusai et d’Hiroshige, paravents dorés, kimonos fleuris, paniers, vases en bambou, délicieuses boîtes en laque). On est frappé par la virtuosité et la multiplicité des techniques, la diversité d’utilisation de tous les matériaux naturels, comme le bois et le bambou. Bambous, nénuphars, cerisiers, hirondelles, papillons ornent objets, textiles et meubles ; la « nature », au cœur du japonisme, a inspiré de nombreux artistes, dont les œuvres ont nourri le dialogue et les échanges commerciaux entre Orient et Occident. À l’instar du mythique tabouret Butterfly (« papillon ») de Sori Yanagi et de la chaise longue en bambou de Charlotte Perriand, transposition de son modèle en acier chromé de 1928. Le résultat est magnifique. Hors ces somptueuses traces du passé, on découvre dans un espace plus aéré des objets de la modernité aussi éclectiques qu’un Goldorak en plastique, un chiffonnier ondulant de Kuramata, des vêtements plissés d’Issey Miyake, un ensemble veste et jupe évoquant l’armure d’un samouraï, en nylon fleuri. La nature encore…
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Les 1001 Japon