Archéologie

Saint-Germain-en-Laye (78)

Lepic ou les débuts de l’archéologie

Musée d’archéologie nationale - Jusqu’au 26 mars 2018

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 22 février 2018 - 348 mots

Sans doute s’était-il trompé d’époque. C’est ce que l’on se surprend à penser en parcourant l’exposition que le Musée d’archéologie nationale consacre, à l’occasion de son 150e anniversaire, à Ludovic-Napoléon Lepic.

Captivante, celle-ci raconte le parcours de cet archéologue amateur, artiste, collectionneur érudit qui, à défaut d’être un peintre génial, apporta sa pierre à l’édification de l’archéologie française. Car, en réalité, Ludovic-Napoléon Lepic fut profondément de son temps : à travers sa vie et sa passion, c’est l’histoire des débuts de l’archéologie en France au XIXe siècle que l’on appréhende. Ce fils d’une famille de militaires bonapartistes, né en 1839 et mort cinquante ans plus tard, fut en effet l’un des très nombreux « correspondants » du Musée de Saint-Germain-en Laye qui contribuèrent à son enrichissement jusqu’à la Première Guerre mondiale, à une époque où l’archéologie nationale n’était encore qu’une discipline naissante, ni professionnalisée ni réglementée. Lepic assuma la tâche qu’il s’était assignée avec générosité, modestie et créativité.

On découvre ainsi au fil de l’exposition des statuettes chypriotes glanées en vente publique ou des vestiges préhistoriques exhumés par l’intéressé, offerts au musée, mais aussi des rapports de fouille ou des lettres adressées aux scientifiques dont l’archéologue en redingote sollicitait humblement les lumières. Mais on apprend surtout que Lepic fut l’un des premiers à reconstituer armes et outils préhistoriques avec des objets originaux prêtés par le musée, ouvrant ainsi la voie à l’archéologie expérimentale. De même, on s’étonne des tableaux d’inspiration préhistorique que peignit cet ami d’Edgar Degas, soucieux de diffuser les découvertes archéologiques. Il y mettait en scène des corps en décomposition, entourés d’offrandes dans une grotte leur servant de sépulture, imaginait la vie des « cités lacustres » inspirées de celles découvertes en Suisse vers 1850, ou redonnait vie à un mégacéros, cerf géant de la préhistoire. Vous voulez confronter cette dernière reconstitution à la réalité ? Rendez-vous dans la collection permanente du musée qui présente un crâne dudit animal : Lepic n’a pas fini de faire rayonner les collections du musée.

informations

« Ludovic-Napoléon Lepic, peintre et archéologue sous Napoléon III»,
Domaine national de Saint-Germain-en-Laye, Château-Place Charles-de-Gaulle, Saint-Germain-en-Laye (78), musee-archeologienationale.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Lepic ou les débuts de l’archéologie

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